... je suis, et pris d'une "saine colère".
Ainsi la profession historienne dans son ensemble ne se serait pas suffisamment interrogée sur les passages de Raymond Aubrac et de Serge Ravanel entre les mains de la Gestapo (le dernier nommé pendant une heure, deux au maximum) ?
Voilà qui est paradoxal sur un forum appelé "Livres de guerre", alors qu'y a été déposé depuis des années le livre d'un contributeur intitulé Aubrac, les faits et la calomnie. Livre paru il y a bientôt dix ans dans une atmosphère hautement électrique, et incontesté à ce jour en dépit (et au grand dépit) de l'armée des fouilleurs de poubelles qui s'était donné comme sainte mission de démolir la réputation des Aubrac. Livre prenant en compte de l'avis général toutes les archives alors disponibles (qui restent sans complément de nature à modifier le fond des analyses) et faisant état de questions posées et aux Aubrac et à Ravanel sur des incohérences de leurs propres écrits, dès lors soumis à des ajustements.
L'image donnée de la recherche historique, rampant devant les diktats et les censures inspirés par les familles et les partis, ne peut que susciter un très grand sentiment d'injustice chez qui a consciencieusement travaillé, et je suppose que je ne suis pas le seul. L'inconscience, ou la fascination pour quelque bonimenteur, en sont les seules excuses (légères) que je puis entrevoir.
Il n'a jamais été nié, du moins par moi, que Baynac ait pu ici ou là suggérer une piste ou une avancée intéressante. Mais lui donner ce statut de brise-glace, de courageux éclaireur rejetant tous ses devanciers au rang de frileux hagiographes, est non seulement déraisonnable, mais, il faut bien le dire, cohérent avec les tentatives précédentes de démolition. |