De qui est cette distinction ? D'Adolf Hitler, dans le premier texte antisémite connu qui soit sorti de sa plume, le 16 septembre 1919.
L'a-t-il trouvée chez quelqu'un d'autre ? A ce jour je l'ignore.
Il illustre sa pensée en condamnant les pogroms (c'est l'une des raisons pour lesquelles je rejette résolument, quitte à être momentanément mal compris, l'application de ce terme à la nuit de Cristal). Les Juifs ne doivent pas être combattus dans la chaude excitation d'un lynchage d'après boire, mais rationnellement éliminés.
Voyons maintenant Chamberlain, non pas Nevile mais Houston Stewart, le théoricien du racisme, par ailleurs gendre de Richard Wagner. Il reconnaît en Hitler, à la veille du putsch de 1923, un véritable messie dont il s'honorerait d'être le Jean-Baptiste. Il lui écrit dans sa prison quelques mois plus tard :
Il vous est imposible, par exemple, de partager notre conviction que le Juif est une plaie, que dis-je, un poison mortel pour le peuple allemand et de ne point agir. Puisque vous comprenez le péril, vous vous mettez en devoir de prendre au plus vite des mesures contre lui et ce que chacun voit, mais que personne n'ose formuler, personne n'ose le traduire en actes; personne, si ce n'est Adolf Hitler.
La voilà, je crois, la différence fondamentale entre Hitler et les autres antisémites : paroles, imprécations, voeux, sentiments d'un côté, action mûrie et systématique de l'autre. Les lois de Nuremberg et le statut français me paraissent découler de là. |