Bonsoir,
Si le colonel Groussard fustige les officiers de l'Armée d'Afrique, le maréchal de Lattre, en quelques traits discrets, livre ses premières impressions lors de son arrivée en Algérie. Venant d'Angleterre, il y débarque le 20 décembre 1943. Sa première visite sera pour le général de Gaulle. "Vous n'avez pas vieilli" lui dit le général et de Lattre de répondre avec humour: "vous avez grandi".
Le maréchal de Lattre a hâte de prendre contact avec les troupes qu'il est appelé à commander. Ses impressions:
*** Je profitai de Noël pour aller, impromptu, assister à la messe de minuit et réveillonner dans un régiment blindé dans la région de Relizane. A ma surprise, j'y trouvai des hommes à peu près seuls, en l'absence d'officier partis en permission. Aucune fête digne de ce nom n'avait été préparée. Et dans un cantonnement, mes regards tombèrent sur le texte d'un "message" du maréchal Pétain affiché en bonne place...
Le lendemain, j'eus, dans une division voisine, une impression un peu moins décevante. Mais la tenue générale des cantonnements aperçus en cours de route et maintes observations fugitives me firent penser que, dans l'ensemble, une sérieuse mise au point était nécessaire pour placer cette armée dans l'état d'âme qu'exigeait son incomparable mission et qui méritait, au surplus, son indiscutable bonne volonté. ***
La première tâche que s'assigne le maréchal de Lattre sera de reconstituer une armée digne de ce nom.
Bien cordialement,
Francis. |