Bonsoir,
Alors que la 1e Armée française approche du Rhin, le maréchal de Lattre fait longuement mention des difficultés rencontrées. Il réclame des renforts en hommes, le report de l'attaque des poches de l'Atlantique, l'ajournement du prélèvement de la 1e DB pour d'autres opérations. Ses soldats sont épuisés par de longues semaines de combats et ils doivent faire face à une résistance allemande de plus en plus acharnée. De Lattre adresse ses doléances au général américain Devers, responsable hiérarchique, dans un rapport daté vers la mi-décembre 44, avec copie au général de Gaulle. A l'attention de ce dernier, il joint un courrier personnel, presque pathétique ou en tout cas amer, où de Lattre fait part de son inquiétude et d'une réelle préoccupation: celle du moral de la 1e Armée. Je reproduis ce texte, dans les grandes lignes, pour ne pas en déformer la teneur:
*** D'un bout à l'autre de la hiérarchie et particulièrement chez les officiers, même de haut grade, l'impression générale est que la nation les ignore et les abandonne. Certains vont même jusqu'à s'imaginer que l'armée régulière venue d'outre-mer est sacrifiée de propos délibéré. (...) La cause profonde de ce malaise réside dans la non participation apparente du pays à la guerre. (...) Le combattant venu d'Italie ou d'Afrique du Nord voit ses camarades tomber autour de lui sans que jamais un Français de France vienne combler les vides causés par la bataille. (...) Je me permets d'insister d'une façon particulièrement instante auprès de vous pour que la 1e Armée Française reçoive au plus tôt les 8.000 à 10.000 jeunes Français qui lui sont indispensables pour retrouver son équilibre moral et sa valeur combattive du début de la campagne. ***
Le général de Gaulle donnera une suite favorable à cette lettre "confiante et pressante".
Bien cordialement,
Francis. |