Bonsoir à tou(te)s,
Comme personne ne songe à m'arrêter dans mes exercices de reproduction de textes du général Spears, je poursuis.
Arrivés à Briare, Churchill et sa suite sont accueillis par un colonel qui donnait l'impression de recevoir des parents pauvres arrivant pour suivre un enterrement.
Ambiance de jours de défaite ! Le convoi prend la route de Briare :
*** Après quelques kilomètres nous parvînmes à une maison hideuse, le genre de bâtiment qui fait les délices du "bourgeois nouveau riche" en France, une villa agrandie par les succès commerciaux d'un épicier ou d'un marchand de mauvais champagne, et devenue une énorme horreur en briques rouges homard et en pierres qui avaient la couleur d'un camembert mal fait.
C'était la résidence de Weygand, où devait coucher le Premier ministre.
Je fus enchanté d'apprendre que cette maison que j'avais prise en grippe au premier coup d'oeil portait le nom ridicule de Château du Muguet.
Dès notre entrée dans le bâtiment, je sentis que l'attitude du colonel à l'aérodrome ne faisait que copier celle de nos hôtes. Nous avions l'air d'invités qui se sont trompés de jour et qu'on n'attendait que la semaine suivante. On n'avait pas vraiment désiré notre présence.
C'était une impression subtile et je peux m'être trompé, car on nous reçut avec toutes les formes de la politesse, allant même jusqu'à nous offrir du thé, et cependant je ne le crois pas. La tension consécutive à une situation qui avait tellement empiré depuis que j'avais vu nos hôtes pour la dernière fois avait presque rompu les liens d'amitié entre nous, même en ce qui concernait le plus fidèle de nos vis-à-vis.
Au bout de quelques minutes nous nous rendons dans la grande salle à manger où doit se tenir la conférence: Pétain, de Gaulle, Margerie et le lieutenant-colonel de Villelume suivent Reynaud. Je me trouve assis près de la fenêtre, Villelume entre Ismay et de Gaulle. Il est maintenant 19 heures.
Les Français ont des visages blêmes, les yeux fixés sur la table. Ils ont absolument l'air de prisonniers qu'on a sortis de leurs cellules pour entendre l'inévitable verdict.
Cherchant des yeux un spectacle moins décourageant, je me tourne vers de Gaulle. ...........
Hé! Hé! La suite c'est-à-dire le portrait du général de Gaulle par Edward Spears, il faudra insister avant que je me décide à le présenter. Notez déjà que le portrait est à la fois féroce et relativement flatteur !
Bien cordialement,
Francis. |