Les querelles sémantiques ne manquent pas et les néologismes ou les barbarismes exprimés ici où là sont souvent pertinents. A l'origine, le néologisme employé par George L. Mosse, la "brutalisation" (en français ici), qualifiait ce qu'avait subi la société européenne au lendemain de la Grande Guerre, ce traumatisme inouï qui, selon certains, avait pu provoquer l'acceptation quasi aveugle du régime hitlérien. Le débat reste le même entre les historiens dits "intentionnalistes", qui, comme vous le savez, estiment que le génocide était sous-jascent dès les débuts du NSDAP, et les "fonctionnalistes" qui estiment que l'idée du génocide ne s'est mise en place qu'au fur et à mesure des événements. Certains termes me gènent personnellement, comme "holocauste", dont la référence antique (le sacrifice de boeufs sacrés dont les os et la graisse étaient brûlés afin que la fumée s'échappant du bûcher nourrisse les dieux) est indéniable et pour le moins mal à propos. "Shoah" conviendrait sans doute, car ce fut une "catastrophe" mais le terme hébreux tendrait à favoriser une certaine réaction: les juifs ne furent pas les seuls à avoir été exterminés (ne passons pas sous silence les centaines de milliers de tziganes qui furent envoyés dans les chambres à gaz), argument malheureusement repris avec "malice" par certains. Même le terme de génocide est sujet aux plus vifs débats. N'ai-je pas entendu récemment certains réfuter ce terme au sujet du massacre des Arméniens? Les mots peuvent être lourds de sens, surtout quand ils sortent de la bouche ou de la plume de personnes malhonnêtes. |