Bonjour !
Le signataire de ces lignes est un passionné d’histoire qui, ayant en 1990, par le biais de son activité d’écrivain, rencontré les papiers du général Doumenc, a constaté que l’histoire de la défaite de 1940 était fort mal connue et racontée –y compris jusque là par lui-même dans ses cours de lycée. Pour résumer : le choc des volontés individuelles de Hitler et de Churchill était complètement marginalisé, alors qu’en fait il avait été au centre de tout.
Il s’en est suivi une carrière d’historien qui ne lui a guère laissé de temps libre pour ses autres passions, notamment du fait d’un accident survenu peu après la parution du premier livre général, qui suivait celles des papiers Doumenc (Churchill et les Français, 1993). L’un des hommes politiques qui avait le plus à perdre dans cette nouvelle vision, Paul Reynaud, avait laissé derrière lui une famille qui, du fait notamment d’un de ses membres, se sentait investie de la mission de défendre sa mémoire de façon intégriste, en intentant force procès. Ledit membre a saisi l’occasion d’un document dû à un homonyme, sans aucune influence sur la démonstration générale, pour tenter de terroriser deux corporations, celle des historiens et celle des éditeurs. Dans l’ouragan qui s’est alors brièvement levé, l’auteur a été l’un des rares à tenir bon. Bien des spécialistes et des médias en revanche, qui avaient commencé à regarder son travail avec intérêt, sont retournés prestement à leur classicisme.
Ledit auteur, s’appuyant outrageusement sur les personnes qui, comme lui, n’avaient pas cédé, et qui comprenaient la gravité des enjeux de l’affaire, a fait face en s’immergeant dans le travail et a réussi à produire en moins de trois ans, chez un grand éditeur, un livre qui reprenait son analyse du rôle de Reynaud en 1940 sans être pour autant attaqué par les héritiers (Montoire, 1996). Mais il reste à ce jour un gros déficit dans la mise en débat de ses thèses. Il s’agit d’une anomalie rare, et qui nuit à tout le monde. Des découvertes fondamentales –par exemple une nouvelle lecture de l’appel du 18 juin ou de la conversation de Montoire- ne sont pas contestées mais sont ignorées alors que des centaines d’historiens à travers le monde traitent de ces deux textes. Devant cette situation, les devoirs dudit auteur ne sont pas simples à définir. Redoubler de défrichements, ou faire une pause pour hanter les colloques et harceler d’articles les revues en s’immisçant dans tout débat ? N’étant pas une multinationale, ayant certes toujours des amis efficaces mais aussi d’autres qui se lassent, ou qui meurent (il a une propension maladive, il est vrai, à se lier à des octogénaires), il n’est pas sûr d’avoir toujours fait les bons choix entre le mondain et le fondamental.
Ce qui se passe sur ce forum depuis quelques semaines suffit à montrer la difficulté de tels choix. Ne pas répondre aux attaques, c’est passer pour fier et enfermé dans son bunker intellectuel. Y répondre, c’est céder à la provocation, s’appesantir souvent sur de l’accessoire, et c’est surtout, pour peu que l’interlocuteur se contrefiche du débat d’idées et ne cherche qu’à brouiller l’image d’une personne, uriner dans un instrument à cordes.
Ainsi je ne suis pas absolument certain d’avoir victorieusement combattu, dans l’esprit des visiteurs de bonne foi, l’affirmation émise il y a quelque temps suivant laquelle Roger Garaudy et Annie Lacroix-Riz, au demeurant fort peu complices, seraient pour moi tous deux des « références ». Alors au fond la meilleure réponse est peut-être de citer quelqu’un qui fait vraiment partie de mes références, et que j’ai déjà cité ici quelquefois, Jésus de Nazareth :
Ne jetez pas vos perles aux pourceaux, de peur qu’ils ne les piétinent et ne se retournent pour vous déchirer.
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