Bonjour,
Les internautes "de gauche"(*) s'intéressant à la politique - au sens large et... noble ! - qui eurent 20 ans (+ ou -) à la fin des années 1970, s'ils se reconnurent à un moment ou un autre dans la grande tendance progressiste, celle qui englobait alors les militants socialistes jusqu'au anarcho-syndicalistes en passant par toutes les divisions du gauchisme, ont encore de la peine à faire le deuil de leurs illusions napalmées par les connaissances historiques récentes sur la réalité des régimes communistes : URSS, bloc de l'Est, Chine, Viet-Nam, Albanie, Cambodge, régimes africains marxistes-léninistes, etc., et les dérives sanglantes mais heureusement minoritaires de l'ultra-gauche européenne (**) : Brigades rouges, Rote Armee Fraktion, autonomes armés, etc. Voilà, je crois, la raison de la sympathie réelle autour du "jeune et gentil facteur", ce leader poli aux thèses bien liftées de l'extrême gauche actuelle en France. Là s'exprime une nostalgie, elle est liée au constat révoltant des injustices de cette société à 3-4 vitesses où les inégalités sont de plus en plus marquées malgré les discours lénifiants du centre mou. Alors, si l'utopie communiste était naïvement ressentie par les militants et les compagnons de route comme un rêve généreux, il est impossible de dire la même chose du fascisme et du nazisme dont les "thèses" - en fait un fourre-tout idéologique nauséabond - expriment le refus, le rejet, l'isolement et enfin la destruction de l'autre, de celui qui s'oppose, de ceux qui sont montrés comme différents à partir d'à priori, de clichés et de grossiertés à prétention scientifique comme le racisme et l'eugénisme nazis. Ce n'est tout de même pas la même chose. En revanche, là où on peut trouver une similitude entre les deux choix extrêmistes, c'est dans l'adhésion contemporaine à un parti radicalisé qui exprime, comme le dit Claire, le ras-le-bol d'une partie croissante des électeurs pour l'inconsistance et l'absence de projets sérieux des hommes et femmes politiques représentants des partis traditionnels. Là, je crois la démarche des votants d'extrême gauche assez semblable à celle des votants qui basculent vers le FN, l'UDC suisse ou le parti de Haider en Autriche.
Bien cordialement,
RC
(*) J'ai repris cette appellation faute de mieux...
(**) Remarquablement décrites par Heinrich Böll dans son livre L'honneur perdu de Katarina Blum qui abordait les années de plomb en Allemagne de l'Ouest quand le seul fait d'être fiché comme sympathisant de gauche pouvait faire débarquer chez vous les "martiens" anti-terroristes de la police et menacer votre emploi. C'est aussi une réalité historique et l'Allemagne connut durant les années Baader une chasse aux sorcières. |