Ces arguments sont recevables mais je dois vous avouer ne pas assez bien connaitre les étapes de l'évolution dans la pensée politique de Marx pour affirmer sans aucun doute : oui, déjà dans ses écrits, il faut comprendre l'élimination de classes sociales comme leur liquidation physique. Bien sûr, aujourd'hui on sait que Lénine, Trotsky, Staline, Mao, Pol Pot et d'autres dirigeants marxistes ordonnèrent la destruction physique de classes et de peuples entiers. (leur propre peuple) Mais je reste persuadé que de nombreux militants et alliés étaient sincèrement motivés par l'espoir d'un monde meilleur. La base ne savait pas et les cadres mentaient. Aragon s'est compromis jusqu'à la sottise au PCF. La désillusion fut très très amère, mais il subsiste quelque chose de cet idéal, sinon comment expliquer le succès médiatique et électoral du petit postier ?
Il faut aussi tenter de se représenter ce qu'étaient à la fin du XIXe et au début du XXe les conditions de survie des classes défavorisées et des petits paysans dans nos pays pour essayer - je dis bien essayer - de comprendre le sens de l'adhésion des ouvriers, des artisans et des travailleurs agricoles aux idées syndicalistes et communistes. En finir avec la misère, l'insalubrité, la mortalité infantille n'était alors pas un sujet de discussion pour salons littéraires paternalistes, mais une urgence. Et qui sut occuper le terrain en l'absence des socialistes et des chrétiens de gauche ? Les cellules communistes et les représentants des syndicats. Déjà, l'absence de solution modérée viable poussait les électeurs vers des formations plus radicalisées.
Aujourd'hui, on a les moyens de savoir ce que furent les systèmes inspirés du marxisme-léninisme et on peut en discuter raisonnablement (pas toujours !), mais en pleine seconde guerre mondiale, la résistance de l'Armée rouge et ses contre-attaques enthousiasmaient les Français, et pas uniquement les communistes.
RC |