Bonjour,
En prolongeant un peu la réflexion, je trouve dommageable pour l'Histoire et l'histoire de la littérature la position de certains critiques, profs et producteurs consistant à refuser d'aborder ou même simplement de mentionner des livres ayant pour thèmes des personnages, des mouvements ou des thèses fascistes, nazies ou collaborationniste. C'est comme s'ils craignaient une contamination idéologique en abordant ces sujets délicats. Il m'est arrivé de proposer des émissions ayant pour thèmes la vie et les œuvres d'écrivains compromis - Drieu, Rebatet, Céline, Montherlant, Benn, ... ou encore l'influence de mouvements politiques et d'idéologies condamnés à certaines périodes de l'histoire contemporaine - Action française, OAS, ... - lors de séances de rédaction à la radio suisse. Chaque fois, j'ai provoqué des grincements de dents suivis de remarques suspicieuses. Ça exprimait la crainte de m'entendre faire le porte-parole, même inconscient, des positions qui furent celles d'auteurs épurés !
Je suis persuadé que si on sait où on se situe en tant que lecteur-trice et citoyen(ne), si on est certain du cadre dans lequel on évolue et si on prend soin d'exposer clairement les éléments biographiques, historiques, voire psychologiques utiles à la compréhension d'une œuvre, il n'y a aucun risque de dérive par empathie. C'est en taisant et en dissimulant des courants idéologiques, des œuvres et des engagements, que l'on risque de susciter des curiosités malsaines car dénuées de grilles de lecture et de paramètres historiques et culturels clairs.
Bien cordialement,
RC |