...ils sont comme vous, ils sont comme moi
!"
Bonsoir,
Voilà le titre - librement adapté à
notre sujet - d'une chronique de Claude Monnier
(ex-directeur de la défunte revue
Le Temps stratégique) parue ce mardi 20 juillet
dans le quotidien
suisse 24heures.
Dans son papier, à partir d'une
nouvelle accusation d'incapacité essuyée par la CIA,
Claude Monnier nous livre, avec son
habituelle pertinence mâtinée d'une pointe d'ironie,
ses réflexions sur les services
secrets. Extraits :
La CIA est la tête à baffes par
excellence. Tous les deux ou trois ans, elle est accusée
d'avoir raté l'info du siècle, celle
qui aurait sauvé l'Amérique (et avec elle, pour faire bon
compte, le "monde libre" tout
entier) du désastre, de l'infamie et du déshonneur.
...
Dans la boîte à gifles de la CIA, on
trouve encore, et ce n'est qu'un échantillon : que l'OSS,
son prédécesseur, n'avait pas su
prévoir, en décembre 1941, l'attaque japonaise contre
Pearl Harbour ; ... [...suivent l'affaire de
l'ayatollah Khomeiny, celle de la fin de la guerre
froide, celle des Talibans qu'on a
aidé au début avant de se rendre compte qu'ils étaient
peu recommandable, et l'attentat du
11 septembre].
...
Comme les services secrets
n'inspirent guère de sympathie, il serait tentant de hurler
avec les loups. Mais il faut être
juste. La mission du renseignement est par définition
impossible. On demande au
renseignement de prévoir l'imprévisible, et si, d'aventure,
il annonce l'imprévisible, on le
mouche en lui disant qu'il raconte n'importe quoi.
...si, d'aventure, il annonce
l'imprévisible, on le mouche en lui disant qu'il raconte
n'importe
quoi. Voilà qui complète la remarque ô
combien juste de Serge Desbois dans sa
contribution http://www.livresdeguerre.net/forum/contribution.php?index=12010. Citation :
***La première
[l'activité de renseignement] a joué et joue un rôle capital pour
prévoir,
à condition que les
responsables politiques et militaires se donnent le mal de lire le
rapport sur la
"synthèse du renseignement" qui tombe tous les matins sur leur
bureau.***
C'est à souligner : ***responsables politiques et
militaires***. Extraits,
toujours :
D'ailleurs, le même dilemme pourrit
aussi la vie des gouvernements.
Dans sa contribution http://www.livresdeguerre.net/forum/contribution.php?index=12067 ,
René Claude relève d'ailleurs ce
phénomène : ***Les
chefs alliés, parce qu'ils
étaient
persuadés à la fin 44 que l'Allemagne nazie était au bout du rouleau
auraient
donc négligé de prendre au sérieux les quelques renseignements ayant filtré
?***
"Parce
que persuadés... auraient donc négligé..." C'est tout le problème auquel
sont
confrontés
les "spécialistes du renseignement".
Phénomème
sous-tendant une autre chronique de Claude Monnier parue dimanche
18
juillet 2004 dans le journal [toujours] suisse Le Matin dimanche,
abordant la
question
de la fausse agression contre une jeune femme et son bébé dans un
train
de
banlieu parisien et de l'explosion de prises de positions tonitruantes que
l'affaire a
immédiatement
provoqué. Extrait :
Bref,
que l'on soit George W. Bush ou Jacques Chirac, la CIA ou le MI6,
journaliste
ou
lecteur, public américain ou français, on tend toujours à voir ce que l'on a
besoin
de voir
et ce que l'on s'attend à voir pour être conforté dans sa perception du
monde.
Cela
s'applique également à beaucoup de chefs militaires qui ont trop souvent
subordonné,
tant la
recherche de renseignements que les synthèses qui en découlent, à la
perception
qu'ils
avaient, en élaborant leur plan d'opération, des forces, des intentions et des
possibilités
e
l'ennemi, de sa situation politique et psychologique, et à ne prendre en
considération que
les
éléments ou les renseignements qui les confortaient dans la perception qu'ils
avaient
des
opérations à mener...
...et
non l'inverse !
Partant,
on peut se demander si l'avis émis par Claude Monnier que
(extrait) ...les décisions
des plus
hautes autorités d'un pays - décisions qui, de loin, peuvent paraître
informées,
audacieuses,
et même d'une grande intelligence "historique" - sont le plus
souvent
d'incroyables
assemblages de bric, de broc, de notions mal digérées,
d'informations
incomplètes
ou erronées, de nécessités et de lubies immédiates. Si donc il arrive
que
ces
décisions donnent de bons résultats, c'est par hasard plus que par
construction...
ne
touche pas également le domaine des opérations militaires ?
Difficile à dire ou à se l'avouer
car la conviction [encore elle] est forte que le hasard n'a
rien
à voir dans les opérations
militaires... on préférera plutôt parler de "chance ou
d'opportunité
à saisir"...
Bien
cordialement,
François
Monney