... et les plus timorés.
Ce sont bien ces mêmes généraux (ultra)conservateurs, pour ne pas dire antirépublicains (Weygand), mentalement en retard d'une guerre, qui adoptèrent avec (un lâche) soulagement, voire un enthousiasme très réel l'Etat français de Pétain et la Révolution nationale en condamnant de suite la France libre et son chef.
Je regardais hier soir le documentaire très récent mais pas spécialement gaullien ou gaulliste Mai 40, les 30 jours du désastre de JF Delassus et Yves Le Maner (Ed. Montparnasse, 2004).
Alors qu'en 2004 on peut je pense dire que les historiens militaires et les chercheurs en sciences politiques ont découvert et analysé les éléments techniques et les grands mouvements d'opinion de la fin de la 3e république de manière à peu près exhaustive, il subsiste toujours un gros point d'interrogation sur mai-juin 40. Cette interrogation stupéfaite est directement liée au comportement du haut commandement français :
La question demeure : pourquoi un tel manque d'anticipation, une telle absence de réaction et cette espèce d'arrogance molle - si j'ose dire - qui transparaît dans les communiqués de la drôle de guerre et sur les images des actualités filmées... ?
Le commentaire de ce documentaire bien construit tient compte des dernières nuances et des interprétations les plus en pointe de l'histoire de mai-juin 40 et pourtant on sent ses auteurs désarmés pour nous exposer la débâcle des chefs militaires et aussi, il faut le dire, de certains responsables civils. L'attitude de Jean Moulin fut une exception; mais à leur décharge, les civils avaient fait confiance aux Gamelin et autres grands patrons de l'armée. D'ailleurs pouvaient-ils agir autrement ? S'en prendre aux choix défensifs à outrance des spécialistes était une hérésie et seuls quelques esprits plus perspicaces voyaient la vanité d'une ligne Maginot, par exemple. Mais on déteste les Cassandre et, pour revenir sur le message de Francis, si de Gaulle fut - et reste encore - autant haï par l'armée de 40 et certains de ses hagiographes, c'est parce qu'il eut l'immense tort ... d'avoir raison entre 1936 et 1945 !
Même si on "comprend" les défaillances en cascades et l'inertie qui paralysèrent les états-majors, il y a encore des paramètres qui nous échappent. Mais là, je le crains, on dira que l'on préfère glisser vers une forme d'irrationnel collectif pour éviter de parler d'une démission militaire qui semble prévue, attendue, espérée chez quelques uns, tant les erreurs, les manquements et les décisions ahurissantes furent "hénaurmes" !
Bien cordialement,
René Claude |