Bonjour,
Quelques chiffres :
La résistance active à Vichy, en particulier militaire, a donc bel et bien existé de façon d'abord embryonnaire, puis rapidement structurée. La création de l'Organisation de Résistance Armée (ORA) le souligne aisément. Quelque peu parcellisées dans un premier temps, les initiatives prises par les militaires (Travaux Ruraux, Groupes d'auto-défense, Camouflage du matériel, divers bureaux de renseignement et de contre-espionnage, Services spéciaux du colonel Rivet, etc.) sont réunies durant la seconde moitié de l'année 1942 au sein de l'ORA.(...)
Sur les 11'000 officiers de l'armée de Terre encore présents en métropole en novembre 1942, 1'000 partent en retraite entre cette date et 1944, si bien que sur un échantillon de 10'000 officiers d'active, on peut considérer que 1'500 passent en Afrique du Nord par l'Espagne, 4'000 servent dans la résistance, 4'500 restent dans un attentisme loyal envers le régime ou rallieront trop tardivement la résistance pour que cette distinction leur soit accordée. En d'autres termes, même s'il ne s'agit là que d'ordre de grandeur, on peut estimer que près de 40% des officiers français ont rejoint la résistance, en très grande majorité l'ORA, après le débarquement allié en Afrique du Nord.
(p. 54- 55)
Et Jérôme Cotillon de tirer un enseignement sur l'armée d'armistice :
Le fait qu'elle soit restée fidèle, à tout le moins en apparence, au régime en place jusqu'à la fin de 1942, lie la plupart de ces officiers à Vichy. L'armée d'armistice s'est identifiée au gouvernement de Pétain et engagée dans un processus de soutien au régime. Consenti ou imposé, ce soutien tranche avec le refus immédiat de certains, à l'image du général de Gaulle parti pour Londres, de se soumettre au nouveau pouvoir, mais aussi avec la demande formulée par d'autres, à l'instar du capitaine Frenay, d'un congé d'armistice. Hormis ces deux cas de figure, les officiers ont volontiers fait allégeance à l'Etat français à bien des égards conformes à leurs conceptions politiques et morales. Mais cette adhésion, sincère et spontanée pour la plupart, s'est doublée de l'obligation faite aux militaires de s'engager aux côtés du nouveau régime de façon active.
L'auteur nous apprend que le 25 octobre 1940, Huntziger, ministre secrétaire d'Etat à la guerre, publiait Conduite morale et pratique de l'armée, une directive dictant aux officiers de façon résolument partisane leur devoir d'obéissance au régime de Pétain. Et de nous rappeler aussi l'importance de l'acte constitutionnel du 1er août 1941qui enjoint à tout officier de l'armée d'armistice de prêter serment au chef de l'Etat.
Les officiers sont face à un choix : la dissidence vers la résistance ou l'adhésion politique au régime de Vichy.
C'est le soutien à Pétain qui l'emporta largement et
ne doit pas être lu sur le simple mode de la contrainte comme le souligne l'historien.
(p.56)
Bien cordialement,
RC |