Bonsoir,
A propos de celui que l'on avait surnommé avec quelques amis de la radio, notre "oncle maudit" en littérature, ce Drieu la Rochelle infréquentable mais dont nous avions dévoré "La comédie de Charleroi et "le Feu follet", j'ai lu ce témoignage de Jean Fougère dans son livre de Mémoires, "Un grand secret" (La Table Ronde, 2004) :
"Son Tempérament, son œuvre avaient une incontestable tendance fascisante. Mais sa droiture, son attention aux autres me permettent d'assurer qu'il n'aurait pas supporté de savoir de quelle horrible façon s'achevaient certaines rafles voulues par les nazis."
Faut-il lui accorder le bénéfice du doute à Drieu ? Dans quelle mesure, à ce niveau politique et mondain, pouvait-on, en 1943-1944, prétendre ne pas savoir ? Quelle a pu être, dans la réalité quotidienne de celui qui fut en charge de la Nouvelle Revue Française à la demande des Allemands, après le retrait de Paulhan, le degré de connaissance de l'horreur nazie, lui qui fréquentaient des gens aussi bien informés qu'un Abetz, ou un Heller, nazis officiellement modérés et d'autant plus redoutables à cause de cela, ainsi que l'écrit la biographe du fréquentable et très fréquenté Abetz ?
Si son suicide, son auto-épuration en 1945, tend à nous le rendre plus humain, Pierre Drieu restera toujours cet "oncle maudit", un beau talent déchu.
Bin cordialement,
RC |