*** Avec l'information de l'essayiste et avec la vivacité du chroniqueur, Pol Vandromme étudie et évoque, dans "L'Europe en Chemise", l'extrême droite durant l'entre-deux-guerres. Il le fait, comme d'habitude, en esprit libre et en s'élevant au-dessus des préjugés des différentes sectes. La vérité lui parait toujours bonne à dire et il la dit sans ménagement. Ni les gens de droite, ni les gens de gauche ne trouveront à leur goût un livre qui, par la rectitude de ses intentions, dérange les fanatismes de tous les bords.
"L'Europe en Chemise" a une coloration personnelle, qui fait son charme, en même temps qu'une exactitude presque scrupuleuse, qui fait son prix. A sa manière, qui délaisse la sécheresse du document, mais qui n'avance rien avant de l'avoir vérifié, c'est une fresque, d'une animation superbe, éclairée par des portraits qui frapperont par leur brillant et des analyses qui impressionneront par leur finesse, leur entrain et leur originalité inventive. On comprend pourquoi, à un certain moment de l'histoire, des dictatures se sont installées et pourquoi des dictateurs, en proie à la frénésie, sont allés au bout de leur fureur, en aventurier obstinés. Tout est, ici, remis en place, reconstitué, organisé par un talent hardi, à l'écoute des secrets intellectuels d'une époque et qui ne se lasse pas de les détecter. De Hitler à Mussolini, en passant par Franco, Salazar, Degrelle, Codreanu, Mosley, c'est un monde, aujourd'hui aboli, qui ressuscite et qui se trouve jugé avec le recul de l'historien.
Bien que "L'Europe en Chemise" ne soit pas un livre à thèse, on remarquera qu'une préoccupation l'anime avec constance et même l'obsède: un souci de faire apparaître, et de souligner, les dangers de la politique totalitaire. Pour Pol Vandromme, écrivain de tempérament libéral et respectueux des diversités inhérentes à nos sociétés occidentales, c'est la forme moderne de la politique suicidaire. La pensée qui s'affirme de la sorte, contre la souveraineté d'un Etat préalablement déifié, contre les religions séculières qui tentent de se substituer à la métaphysique, rejoint les intuitions d'un Bernanos et d'un Nimier que cet ouvrage sollicite infatigablement. ***
(4e page de couverture)
Pol Vandromme? Né en 1927, à Charleroi qu'il ne quittera jamais! Il publia de nombreux essais sur Malraux, Anouih, Simenon... mais aussi Brel, Brassens et bien sûr Hergé. Pol Vandromme n'est-il pas l'expert en tintinologie? Il a également écrit sur Drieu, Rebatet et.... Brasillach, pour ce dernier trop mal et trop vite sans avoir lu ses éditoriaux de "Je suis partout". Laissons la plume à Jean-Louis Ezine du Nouvel Observateur qui en 2002 écrivait à la sortie de "Bivouacs d'un hussard" :
*** Pol Vandromme, hussard en cavale mais au panache encore fringant et critique littéraire réputé pour avoir été, en quelque façon, le correspondant belge de la bande à Nimier, dont il fut le confident jusqu’à la mort précoce sur l’autoroute de l’Ouest et demeure aujourd’hui, quarante ans plus tard, un complice inconsolable. ***
Ou encore:
*** On ne se lasse pas non plus de ce Vandromme 2002, disert et mémorable, qui bondit hors de la bouteille avec l’âme un rien capiteuse des vins débouchés tard. Mais qu’on lit à la hussarde, cul sec. ***
Ce n'est pas notre ami et complice René Claude qui démentira!
Francis Deleu.