Bonjour,

Les vingt années cruciales qui vont du Traité de Versailles à l'agression de la Pologne par l'armée d'Hitler sont une période passionnante dans tous les domaines.
Si on prend le cas de de Gaulle, on voit que cet officier passe d'un nationalisme "intégral" de type maurrassien ou quasi, voire même d'un sentiment xénophobe que la victoire (amère ?) de 1918 sur les empires allemand et austro-hongrois a encore renforcé, à une position politique et sociale beaucoup plus nuancée à la fin des années 30. Son travail de "nègre" pour Pétain lui a fait prendre conscience de l'enfermement intellectuel progressif dans lequel certains des hauts gradés se retrouvaient 10 ans après la fin de la Première guerre. Il a compris, par exemple, la nouveauté "révolutionnaire" d'une force blindée utilisée comme un outil de rupture massif et autonome lors du prochain conflit.
La fréquentation de cercles politiques et culturels et sa capacité à intégrer des éléments provenant de lectures - de Gaulle est un homme de plume qui lit beaucoup - et de discours issus d'horizons différents mixés dans l'immense mélangeur que furent les années 20 et 30, vont le préparer, même si ce n'est pas toujours consciemment à une rupture et une rebellion en juin et juillet 1940. Cet acte fondateur qui a pu sembler inouï, en apparence seulement, fut possible car les vingt années d'entre-deux guerres ont permis la formation de personnalités "nouvelles" qui bousculèrent les habitudes et le respect de traditions paralysantes, après avoir compris que le XIXe siècle, en même temps qu'une vision du monde et des rapports humains, étaient bien morts en août 14. La terrible défaite de mai-juin 40 leur fut un déclencheur.

Le "Charles-sans-Terre" de l'été 1040 et ses premiers rallliés sont en fait riches de 20 années de débats, de ruminations et d'avancées philosophiques, politiques et militaires.

Bien cordialement,

RC