Dans mon auto-flagellation continuelle et croissante, je m'en veux beaucoup d'avoir mis tant de temps à décrypter le rôle essentiel de Werner Best pendant tout le Troisième Reich et même avant (documents de Boxheim, 1931 : il intrigue déjà, cul et chemise, avec Hitler).
Avant d'écrire
Hitler et Pétain, j'avais compris depuis peu que sa brouille mortelle avec Heydrich au premier semestre 1939 n'était qu'un argument de défense dans les procès d'après guerre (où il sauve sa tête d'extrême justesse), lui permettant notamment de présenter sa nomination à Paris (n°3 de l'administration militaire, de l'été 40 à l'été 42) comme un purgatoire et un placard.
Trouvant sa signature dans maints dossiers des riches archives de Pierrefitte sur cette administration, j'ai eu l'idée un matin avant de partir de relire les notes de la bio par laquelle Ulrich Herbert avait fait connaître le personnage en 1996, pour voir quels cartons il avait utilisés. Réponse : aucun ! il n'était même pas allé à Paris et n'aurait pu montrer plus éloquemment qu'il croyait à la thèse de la placardisation. Témoin la recension de
Francia clic (1998) qui explique que seule la mort d'Heydrich lui a permis de retrouver, au Danemark, un poste important.
Rien n'éclaire mieux son rôle qu'une archive le montrant, en février 42, informer Brinon qu'il faut remplacer Vallat par Darquier. Il se réclame alors de "pouvoirs spéciaux conférés par le Führer", passant sans vergogne au-desus de la tête d'Abetz, de Knochen, de Dannecker et de son propre supérieur militaire, Karl Heinrich von Stülpnagel. Cela s'emboîte assez bien, et avec Wannsee, et avec la rafle du Vél d'hiv.