En relisant le débat qui précède, il me semble effectivement que l'évolution politico-sociale à partir, disons, du début des années 80 biaise assez lourdement le débat.
Nous parlons en effet (pour l'Allemagne) d'un parti socialiste et non d'un parti fasciste (comme en Italie). Il est marqué en cela par une administration extrêmement puissante qui auto-coopte ses semblables et rejette ceux dont les idées divergent.
Comme dans tout état socialiste -démocratique ou non-, cette administration prend le pouvoir sur les politiques à qui elle soumet les analyses (correspondant à leur propre vision du monde: en l'occurence Weltanschauung) et les "seules" solutions possibles à la résolution des problèmes. Tout ce qui freine l'exercice de son pouvoir ou s'y oppose est diabolisé et traité de façon moralisante par la haine ou le mépris.
En plus de ce socialisme nous parlons d'un parti nationaliste mais pas n'importe quel nationalisme. Il s'agit d'une Allemagne qui veut mettre en coupe réglée les économies d'Europe de l'Ouest pour utiliser leurs ressources industrielles et agricoles afin de pouvoir s'étendre à l'Est, débarrassé des slaves considérés comme Untermesch et destinés à être traités comme tels par la "race des seigneurs". Les Juifs doivent être chassé car le poids économique de certains d'entre eux (même si la plupart d'entre eux sont pauvres) est un frein au vol de leur capacité de production en Allemagne et dans les pays occupés et que leur capacité d'adaptation, née de diasporas aussi injustes que dramatiques, rend difficile leur sédentaire soumission. Les théories récentes de René Girard sur les médiations croisées où les hommes sont les modèles les uns des autres sans aucune élévation spirituelle (après les Juifs on met les prêtres en camps de concentration) pour un existentialisme qui ressemble fort à un matérialisme divinisé métaphoriquement.
Je n'aime guère l'utilisation que fait, intelligement, Jean François Desplat du mot "affect" lorsqu'il parle d'hitler car ceci ouvre un vrai débat psychanalytique où nous avons considérablement progressé depuis Freud (ce qui ne veut pas dire que les fulgurences Freudiennes aient perdu leur puissance) Pour moi, la folie de hitler consiste en une "perversion narcissique" telle que décrite par les travaux récents de Paul Claude Racamier et Didier Anzieu, Jean Charles Bouchoux, Ronald Laing, Serge Tisseron... L'aspect exécutif cependant suit de très près Le Prince de Machiavel et la structure celle de la compagnie de Jésus (les jésuites) qui inspirait profondément himmler.
En dehors d'hitler, les analyses sur la soumission à l'autorité (déjà évoquée par d'autres sur LdG) est une voie bien explorée depuis Etienne de La Boetie jusqu'à, après la guerre, Stanley Milgram (sans distinction hélas pour la diffférence entre les pays plutot anglo-saxons et les pays plutot latins)
Ces phénomènes sont d'autant plus complexes que leur propres complexités intrinséques sont imbriquées et se chevauchent dans le temps comme dans l'espace.
Ainsi s'opposent dans une sorte de lutte des classes (dans un sens un peu différent de son acception marxiste) entre les grandes familles allemandes qui ont fourni le plus grand nombre de résistants comme Helmuth James Graf von Moltke, Adam von Trott zu Solz, Wolf Heinrich Graf von Helldorf ou les intellectuels du cercle de Kreisau presque tous orginaires de "grandes familles" s'oppose à une nouvelle classe médiane menés par des individus doués de qualités exceptionnelles (heydrich, schellenberg, franz six...) à qui le système national socialiste apporte le pouvoir.
Donc le débat sur ce livre pioche abondament dans des boites de Pandore mais dont émergent souvent des questions pertinentes
On pourrait écrire sur ces sujets un épais livre où, les conflits intra psychiques émergent en psychologie et psychologie sociale ... Donc LdG n'est pas l'endroit parfaitement adapté |