Francis, tu cites Terrenoire (1964, p.41) cité par Tournoux:
"Nous sommes en présence d'un mouvement général dans le monde, d'une vague qui emporte tous les peuples vers l'émancipation. Il y a des imbéciles qui ne veulent pas le comprendre ; ce n'est pas la peine de leur en parler. Mais il est certain que, si nous voulons nous maintenir en Afrique du Nord, il nous faut accomplir des choses énormes, spectaculaires et créer les conditions d'une nouvelle association [...]"
Nous sommes en mai 1957
Stora donne la fin de cette citation:
«Nous sommes en présence d'un mouvement général dans le monde, d'une vague qui emporte tous les peuples vers l'émancipation. Il y a des imbéciles qui ne veulent pas le comprendre ; ce n'est pas la peine de leur en parler. Mais il est certain que, si nous voulons nous maintenir en Afrique du Nord, il nous faut accomplir des choses énormes, spectaculaires et créer les conditions d'une nouvelle association. Or, ce n'est pas ce régime qui peut le faire. Moi-même, je ne serai pas sûr de réussir ... mais bien sûr, je tenterai la chose.»
Finalement, Stora semble convainquant lorsqu'à l'issue de sa quête sur les écrits et les déclaration de De Gaulle avant le 16 septembre 1959, il ne trouve chez le général qu'une vision "Union Française". Avant son retour au pouvoir, de Gaulle voit dans l'indépendance de l'Algérie un évènement malheureux vers lequel on se dirige à cause de l'incurie d'un mauvais régime.
En 1956, dans le tome II de ses mémoires, à propos de sa visite à Roosevelt en juillet 44, de Gaulle écrit (p.283 édition de poche):
« S'il est vrai, comme je suis le premier à le penser et à le dire, que les puissances coloniales doivent renoncer à l'administration directe des peuples qu'elles régissent et pratiquer avec eux un régime d'association, il l'est aussi que cet affranchissement ne sauraient s'accomplir contre elles, sous peine de déchainer, dans les masses inorganisées, une xénophobie et une anarchie dangereuse pour tout l'univers ... »
Auparavant, (p.217) commentant la situation de l'Algérie:
« Or, si dans nos terres d'outre-mer, nos malheurs n'ont pas détruit le loyalisme des populations, celles-ci n'en ont pas moins assisté à des évènements bien cruels pour notre prestige [...] C'est de là que tout peut repartir. Mais à la condition formelle de ne pas maintenir ces États et ces territoires au point où ils en étaient jadis. Et comme en pareille matière, pour bien faire, il n'est jamais trop tôt, j'entends que mon gouvernement prenne sans tarder l'initiative. En décembre 1943, j'approuve donc le général Catroux... »
Pour mémoire, le 16 septembre 1959, De Gaulle annonce explicitement 3 solutions possibles:
- La sécession, où certains croient trouver l'indépendance... un tel aboutissement serait invraisemblable et désastreux ... un affreux chaos politique, l'égorgement généralisé ...
- La francisation complète ... les Algériens devenant partie intégrante du peuple français de Dunkerque à Tamanrasset.
- Le gouvernement des Algériens par les Algériens, en union étroite avec la France pour l'économie, l'enseignement, la défense et les relations extérieures.
La paix restant la condition préalable pour que le peuple algérien fasse valoir ses droits à l'autodétermination.
Emmanuel |