Quelques réflexions sur la fameuse entrevue de Ferrières, le 20 mai, entre Pétain/Weygand et des émissaires allemands, dont parle cette note anonyme de 1945 :
- Pétain est nommé, le 17 mai, vice-président du Conseil dans le gouvernement Reynaud, alors qu'il est toujours ambassadeur en Espagne.
- Weygand est nommé le 17 mai par Reynaud. Il est considéré comme un "va-t-en-guerre" germanophobe.
1°) Je vois mal comment en deux jours et demi, le vice-président du conseil et le nouveau généralissime auraient pu organiser une rencontre avec des émissaires allemands et ce, en toute discrétion, sans que personne ne le sache. Surtout que lorsque le vénérable vieillard se déplaçait, il devait y avoir pas mal de monde avec lui ...et que le nouveau généralissime, est plutôt belliqueux dans l'âme. Je vois mal Weygand, deux jours et demi après sa nomination, aller à Canossa devant des émissaires allemands ...
2°) De plus, comme le précise Marc Ferro dans sa biographie de Pétain, les deux hommes, Pétain et Weygand, ne peuvent pas se blairer. Il ne faut pas oublier que Weygand fut le chef d'état-major de Foch, qui avait piqué la place au vainqueur de Verdun. Ministre de la guerre du gouvernement Doumergue, en 1934, Pétain avait lâché Weygand qui voulait rétablir le service militaire obligatoire à 2 ans. Ferro affirme que le second en voudra à mort au premier ! Donc il m'étonnerait qu'en deux jours et demi, les deux hommes se réconcilient pour rencontrer des émissaires allemands ...
3°) Ce n'est qu'à partir du 25 mai, que Pétain livre sa pensée à Baudouin, secrétaire du Comité de guerre, sur son idée de ne plus continuer la lutte à outrance. Ce même 25 mai, au conseil des Ministres, Weygand, qui croit la bataille perdue, se livre à un réquisitoire contre les fautes de la République. Pétain et Weygand se rencontrent alors le 26 mai, par l'entremise de Baudouin, pour se mettre d'accord quant à la possibilité d'un armistice.
En bref cette note anonyme de 1945 qui parle de cette rencontre à Ferrières, le 20 mai entre le duo Pétain/Weygand et des émissaires allemands, outre que c'est l'unique source et qu'elle est anonyme (ce qui suffirait à l'invalider), ne tient pas la route une seule seconde au niveau de sa crédibilité, lorsqu'on analyse la chronologie et la personnalité des deux hommes. |