"Au-delà du personnage, qui avait quelques problèmes de santé mentale, je ne comprends pas comment des "historiens" sérieux, peuvent penser qu'une "mission Hess", en Angleterre, pour négocier une éventuelle paix, aurait eu quelques chances de réussite ...Ou bien alors il faut percevoir Hitler comme quelqu'un de stupide !"
... est bien là.
Tie-tie, et tous ceux qu'il influence ou qui partagent son point de vue, refusent mordicus de considérer la très grande lucidité de Hitler, et se payent le luxe d'accuser leurs contradicteurs de le croire stupide !
Ce que montrent une flopée d'éléments et de documents, soit sur l'orientation de fond du nazisme, soit sur la conjoncture du printemps 41, c'est que la guerre sur deux fronts est vue par Hitler comme l'abomination de la désolation, et à très juste titre. Les seuls éléments qui aillent à l'encontre sont des propos optimistes comme tout chef en émet avant d'envoyer ses hommes au casse-pipe.
En même temps qu'il analyse avec beaucoup de sûreté, et jusqu'en avril 1945, les rapports de force (les seules données contraires étant, encore et toujours, des discours destinés à soutenir le moral), il est prisonnier de son
schéma de base et de sa
folie, qui transforme ce schéma en un contrat avec la Providence : en l'occurrence, la résistance inattendue (et "juive") de Churchill, et son autorité vérifiée par l'obéissance des exécutants à Mers el-Kébir (et l'ovation consécutive à Londres), ont bousculé le calendrier, en l'amenant à jouer le tout pour le tout dans un assaut contre l'URSS, irrévocablement décidé dès juillet 40.
La préparation de cet assaut va donc combiner les préparatifs militaires et politiques de toutes sortes de la guerre à l'est et un effort méthodique pour faire tomber Churchill avant. Le vol de Hess, décidé par Hitler, a toute sa place dans l'organigramme : il consiste à nouer à toute force le contact avec ce qui reste d'appeasers à Londres, au sein d'un festival de coups de boutoir non mortels contre la puissance britannique (Irak, Balkans, Libye etc.) qui pourraient n'avoir été que des amuse-gueule si l'énorme potentiel militaire accumulé en Europe de l'est prenait la direction du Moyen-orient et non de l'URSS. Car ce potentiel est assez visible et il est fait pour, mais fonctionne aussi bien comme une menace que comme une préparation d'invasion. Hitler qui a, dit-on, remis 29 fois l'attaque contre la France l'année précédente pour cause de météo, peut très bien annuler celle-là et nul, y compris en Allemagne, ne sait qu'il ne va pas le faire, sinon lui-même.
Il est donc tout à fait faux d'affirmer que cette démarche est stupide : risquée certes, très hasardeuse et même un peu désespérée, elle est en fait de même nature et, dans le schéma nazi, de même pertinence que l'arrêt devant Dunkerque ou la lettre de septembre 40 à Hamilton (pour prendre deux exemples où l'implication hitlérienne n'est pas contestée) : il s'agit d'obtenir l'effacement de Churchill avant de s'en prendre à Staline.
PS.- Puisque, parmi les menus inconvénients occasionnés par le lobby intégriste sur cette question, figure l'accusation, à mon encontre, d'intervenir de façon pénible, de n'avoir pas les bons mots ou le bon ton, etc., je me permettrai de stigmatiser la tendance à la censure et au verrouillage, ou à la menace d'icelui, qui infecte çà et là les forums.
Il semble qu'il n'y ait pas moyen de faire triompher un principe tout simple : il ne tient qu'à celui qu'un sujet ennuie de ne pas cliquer sur lui.