Le « 93 rue Lauriston » n’était pas un vaste immeuble. Chaque étage était assez étriqué et comportait 2 à 3 petites pièces. Au 1er étage se tenait Bonny qui était un homme de bureau et qui tenait toute la comptabilité avec minutie, des vols d’argent, de bijoux, de lingots d’or dérobés au Français en particulier aux familles juives.
À ce 1er étage, il y avait 2 secrétaires au début mais un jour elles ont disparu car, sans doute, elles voulaient échapper à l’ambiance nauséabonde.
Bonny effectuait son travail avec sérieux d’autant plus qu’il était le seul à « avoir de l’instruction », le chef Chamberlin dit Lafont comme tous les autres de la Carlingue, permanents ou occasionnels, étaient presque tous illettrés.
Lafont, le chef, était au 2ème étage du 93 rue Lauriston. Il avait un bureau et un lit où il recevait de nombreuses maîtresses. Ici sont passées certaines comtesses vraies ou fausses comme la Tchernycheff-Bezobrazoff, les actrices Yvette lebon et Monique Joyce etc. Fatigué de la Tchernycheff, il l’a repassé à son chauffeur Eddy Pagnon.
Au dessus du 2ème étage, nous ne savons pas. Était-ce les chambres des « permanents », des gardes du corps de Lafont ? Existait-il des pièces réservées à la torture ?
Au sous-sol il y avait une cuisine aménagée et la cuisinière.
Aziz pensait qu’il y avait aussi une autre pièce pour la torture ?
Lafont était connu dans tous les cercles collaborationnistes de Paris mais nous avons peine à croire que dans ces petites pièces exiguës, il recevait le gratin comme le ministre Chassaigne, le préfet de Police Bussières et bien d’autres, et tous ensemble quelques fois.
Il accueillait aussi les gradés de la Gestapo et de l’Abwehr qu’il arrosait grassement : Le général von Behr, le colonel Knochen, le commandant Boëmelburg, le commandant Kieffer, la commandant Scheffer de l’Abwerh, le capitaine Radecke, un habitué, le capitaine Muller etc.
Dans l’entrée du « 93 », Lafont avait placé un énorme portrait de Hitler et de Goëring de 3m / 3m.
Lafont avait acquis, ou volé, un hôtel particulier à la fin de son règne, à Neuilly, pour se loger et il avait consulté un antiquaire qui lui livrait du style Henri II. Il n’y connaissait strictement rien. Devant le portrait de Mme de Staël, il avait demandé « qui c’est, cette gonzesse ?»
Maître du Tout-Paris, après avoir circonscrit la Gestapo et l’Abwehr par ses cadeaux colossaux ( sauf le général Oberg qui ne s’est pas laissé faire ), en 1944 Lafont rêvait : Il pensait que peut-être il pourrait finir général lui qui était actuellement « Hauptmann » c’est à dire capitaine de la Wehrmacht. Il s’en était ouvert à Abel Danos, un de ses fidèles voyous qui lui avait rétorqué : « Tu ne sais même pas lire et écrire » et qui avait pris une baffe mémorable.
Tout ceci semble vrai car Aziz a interviewé des gens proches de la Carlingue comme Georges Prades conseillé de Paris et ami du gratin collaborationniste par exemple.