Il faut se représenter la situation au moment de l'arrestation de Canaris, le 23 juillet 44 : le régime le plus fou et le plus meurtrier, touché à mort dans une guerre contre une coalition irrésistiblement plus forte, bientôt à bout de ressources matérielles et secoué par une très sérieuse tentative d'assassinat du chef et de coup d'Etat aux contours encore mal définis; mais en même temps tout n'est pas perdu puisque vers l'est ses défaites ouvrent la voie à un régime aussi mal considéré, sinon plus, par les alliés occidentaux, leurs couches dirigeantes, leurs habitants chrétiens... La rupture de la coalition semble à l'ordre du jour et le semblera de plus en plus.
Canaris est interrogé par des types qui ne le valent pas, n'ont jamais eu sa position dans l'Etat et le savent bien. Il peut se retrancher derrière le secret d'Etat devant quasiment toute question, et leur dire de consulter le Führer s'ils ne sont pas contents. Même s'ils n'ont ni envie de le ménager, ni consignes à cet égard, un rapport de forces équilibré s'établit assez vite.
En tout cas je ne crois pas du tout à ce journal providentiel qui permettrait de comprendre et de condamner enfin. |