Il est souvent fait allusions aux fenêtres peintes pendant la guerre. Je ne sais pas ce qu'il en était à Lyon mais je me souviens bien de la maison de mes parents à Niort, dans la zone occupée. C'était une villa avec différents types de fenêtres, des grandes baies, des petites, les petites n'ayant pas toujours de volets, notamment celles des escaliers.J'avais entre 4 et 8 ans mais ce sont des souvenirs d'enfance précis, dans cette atmosphère tendue de l'Occupation, que je viens de comparer avec ceux de mon frère et ma soeur, plus grands que moi de 4 et 9 ans.
Il s'agissait non pas de peinture mais d'une sorte denduit ou plutôt de badigeon irrégulier, aussi bien en épaisseur qu'en surface. On voyait l'xtérieur à travers et le badigeon était à l'eau car les enfants dessinaient des petites lucarnes pour faciliter la vue. Ce badigeon avait l'inconvénient d'assombrir les pièces dans la journée si bien qu'il y avait des pièces aux vitres sans badigeon : mes parents tiraient les rideaux le soir. Il s'agissait de ne pas être visible des avions, c'est-à-dire de très loin. Cela m'amène à penser qu'un observateur très attentif, ce qui devait être le cas de Daniel Cordier, pouvait distinguer de la lumière, sans doute faible, ou avant que les rideaux soient tirés.
Quand au fait que personne ne sorte pendant un couvre-feu, c'est ne pas tenir compte du talent de jeunes ou de moins jeunes audacieux mais prudents. Les jeunes résistants sortaient la nuit (et les amoureux aussi !). Dans un récent livre, l'auteur, Xavier de Villeneuve, élève au prytanée militaire de Saint-Cyr, raconte qu'il sort la nuit à Valence, où le prytanée a été replié, et même il part une nuit avec trois de ses camarades ; ils traversent la ville avec chacun des bagages pour prendre le chemin de l'Espagne et d'Alger ("Chemin de Damas à Vendeuvre", Pour Mémoire, 2009).
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