Bonsoir,
Ceci n’empêche pas les ingénieurs américains de se féliciter que les ingénieurs allemands n’aient pas cherché à avoir la bombe pour empêcher Hitler de nuire. (Serge Desbois)
Même si les Américains pensent que les Allemands ne sont pas suffisamment avancés pour mettre au point l'arme atomique, la question taraude cependant les services de renseignements. Frédéric Joliot est pour eux une des rares sources d'information sur la physique nucléaire allemande. Ils n'ignorent pas que le célèbre physicien français "collaborait" ou s'accommodait de la présence dans ses laboratoires de physiciens allemands.
Nous en avons déjà parlé comme ici :
Frédéric Joliot ou la science au-dessus des frontières idéologiques ou encore ici :
Joliot : une coopération imprudente
Lorsque la mission de renseignement scientifique (opération Alsos) [*] débarque en France au mois d'août 1944, son premier objectif est de mettre la main sur Joliot. Ce sera chose faite le soir même de la Libération du Paris. La rencontre est cordiale, Joliot rassure les Américains en soutenant que les Allemands ont abandonné leur programme nucléaire. Les officiers américains ne sont qu'à moitié convaincus. Ils ne comprennent pas qu'un brillant physicien soit devenu communiste alors que pendant toute la guerre il était présumé "collabo" ayant travaillé avec des physiciens allemands.
Les interrogatoires se poursuivront le 28 août, puis le 30, sous la direction du physicien Samuel Goudsmit. Ce dernier est convaincu de la bonne foi de Joliot mais ses supérieurs demandent à l'interroger à Londres.
Joliot s'envole pour la capitale anglaise le 4 septembre. Il sera à nouveau longuement interrogé. Malgré tous les renseignements communiqués sur les retards du programme nucléaire allemand, malgré le fait que Joliot fournit la liste des scientifiques allemands impliqués dans la recherche nucléaire, Joliot reste trop suspect pour que les Américains prennent le moindre risque. Joliot sera mis en "quarantaine" scientifique et interdit de séjour sur le territoire américain où il devait se rendre pour une tournée de conférences.
Bien cordialement,
Francis.
[*] ALSOS : nom de code donné à une opération consistant à récupérer tout ce qui concernait l'état d'avancement de la recherche allemande dans le domaine de l'armement nucléaire. Plus d'infos sur
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