Bonsoir,
De 1947 à 1972, le lieutenant-colonel Eugene K. Bird fut le directeur américain de la prison de Spandau. De ces longues années de contacts et de conversations avec les condamnés de Nuremberg, Eugène K. Bird tira un livre "
Rudolf Hess dévoile son mystère".
Le 30 septembre 1966, au terme de leurs vingt années de réclusion, les deux derniers détenus, Albert Speer et Baldur von Schirach, sont libérés. Rudolf Hess, condamné à la prison à vie, se retrouve le seul prisonnier de Spandau. Entre le directeur américain et Rudolf Hess se crée alors un climat de confiance propice aux confidences à défaut de révélations.
A titre documentaire, dans le cadre de nos échanges sur l'incendie du Reichstag, un extrait du livre de Bird :
J'avais dans mon attaché-case un ouvrage que j'étais en train de lire : L'incendie du Reichstag par Fritz Tobias. Et je demandai à Hess à brûle-pourpoint :
Savez-vous ce que cachait en réalité cet incendie du Reichstag ? On a déclaré officiellement que c'était un Hollandais, un certain Van der Lubbe, qui y avait mis le feu, mais il a été prouvé ultérieurement qu'il n'aurait jamais pu y parvenir seul. Tobias a interrogé plus d'une centaine de personnes et il affirme que cet incendie a été allumé sur les ordres du parti nazi. Cela donnait à Hitler un prétexte de plus pour s'emparer du pouvoir et se rendre maître du peuple allemand.
Hess, dis-je encore, nombreux sont les gens qui pensent que vous êtes actuellement le seul être au monde à savoir ce que cachait en réalité l'incendie du Reichstag. Voulez-vous parcourir cet ouvrage et me dire ensuite ce que vous en pensez ?
Hess se tut un moment, puis leva les yeux sur moi.Je n'ai rien su, à l'époque. Et je continue à ne rien savoir.
Il détourna le regard, croisa étroitement les mains, puis reprit:Et même si je savais quelque chose, je préférerais n'en pas parler. Quant à ce livre, vous pouvez le remporter. Je ne le lirai pas.
Je me levai et sortis de la cellule. J'avais l'impression très nette qu'il ne m'avais pas dit la vérité.
Bien cordialement,
Francis.
NB. Apparemment, le directeur américain de Spandau n'aurait pas lu l'ouvrage de Tobias qui aurait affirmé que cet incendie a été allumé sur les ordres du parti nazi alors que Tobias l'attribue au seul Van der Lubbe