... coucheur (de toute façon le mal est fait depuis des années dans quelques esprits croisant sur ce forum... en dépit de toutes les évidences contraires !) mais je ne retrouve bien mes petits ni dans ces critiques ni dans ces autocritiques.
Que la paire Hitler-Göring ne soit pour rien dans l'incendie du Reichstag, c'est la conviction, toujours vivace à ma connaissance, non seulement de Kershaw mais de Paxton et de l'immense majorité des spécialistes qui écrivent sur le nazisme. Alors autant je suis d'accord pour dire que quand ils écrivent cela ils feraient mieux de s'abstenir, autant je suis gêné si le contraire est asséné comme une orthodoxie.
Pour ma part je respecte un peu mieux les convictions des larges masses ! D'autant plus qu'on est là au coeur du débat le plus fondamental. Il s'agit tout bonnement de savoir si le nazisme est une improvisation hasardeuse ou un projet méthodiquement mais clandestinement mis en oeuvre. Je penche, cela n'étonnera personne, pour la seconde solution, mais je suis conscient qu'il y a là, pour l'historien, un défi et un paradoxe. Beaucoup de choses ne peuvent plus aujourd'hui faire l'objet que de démonstrations indirectes, et la mise à feu des rideaux du Reichstag est du nombre, comme la mort de Georges Mandel, les motivations de l'arrêt devant Dunkerque, l'implication de Hitler dans le vol de Hess et beaucoup, beaucoup d'autres choses. Depuis toujours (enfin, depuis que je fais vraiment de l'histoire) je compare ce travail à celui de l'archéologue : il faut tracer des continuités entre des fragments de vases et pour cela il -faut se mettre soi-même dans la peau de l'artiste, en renonçant d'avance à un résultat certain puisque précisément ce qui manque est absent.
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