... inexact, pour ne pas dire plus.
Quand Pilet-Golaz conclut de la défaite française que
"l'Europe doit trouver, avant de reprendre essor, son nouvel équilibre, très différent de l'ancien à n'en pas douter et qui se fondera sur d'autres bases que celles que, malgré ses vaines tentatives, la Ligue des nations ne réussit pas à jeter", il cause sans doute de l'approvisionnement ?
Quand Pilet-Golaz proclame que
"le temps est venu de la renaissance intérieure", et prend soin d'ajouter que
"chacun de nous doit dépouiller le vieil homme", il cause encore de matières premières ?
Le leader suisse a lui-même précisé ce qu'il entendait par ces propos, dans ce même discours :
Cela signifie :
Ne pas palabrer, concevoir;
ne pas disserter, oeuvrer;
ne pas jouir, produire;
ne pas demander, donner.
Là encore, il parle exclusivement de ravitaillement ? Ne me dites tout de même pas que cela n'évoque pas chez vous un parallèle pétainiste !
Lisez l'entier discours, et montrez-moi, citations et sources à l'appui, en quoi cet appel au peuple traduit uniquement des inquiétudes suisses quant aux importations. De même, lorsque Pilet-Golaz reçoit les leaders du
Volksbund le 1er août 1940, et leurs homologues du Mouvement national suisse un mois plus tard, c'est également pour palabrer sur les matières premières (sans qu'il faille s'attarder sur le début de revirement de ce même Pilet-Golaz à l'automne 1940, lié probablement à l'échec de la
Luftwaffe dans le ciel anglais) ?
La vérité c'est qu'à l'été 1940 Pilet-Golaz
"s'adapte" aux nouvelles réalités diplomatiques et politiques, pas exclusivement économiques. Renier la S.D.N., comme il l'avoue explicitement dans son discours du 25 juin, c'est jeter aux orties l'esprit de Genève. Pour lui substituer un
"nouvel équilibre", qui découle, selon lui, du triomphe militaire allemand sur la France, sachant qu'à cette date le conflit n'est pas encore achevé (
"l'Empire britannique proclame sa résolution de poursuivre la lutte sur terre, sur mer et dans les airs", ce qui ne reste à ses yeux... qu'une proclamation).
Vous avez néanmoins raison sur un point, lequel appuie d'ailleurs mes précédents propos : la Suisse n'a pas de capacité d'auto-approvisionnement. Autre moyen de pression allemand sur ce pays, en temps de guerre comme dans le contexte d'une éventuelle victoire nazie en 1940-1941...