... et voici une autre preuve documentaire de ce que j'avance.
Nous sommes le 12 novembre 1938, au lendemain du pogrom (soigneusement encadré) de la
Kristallnacht. Göring dirige une réunion au sommet de technocrates nazis afin de coordonner la
Judenpolitik.
Voici ce qu'il y déclare (cité également
in Peter Longerich,
Politik der Vernichtung. Eine Gesamtdarstellung der nationalsozialistischen Judenverfolgung, Piper Verlag, 1998, p. 210 - trad. anglaise, Peter Longerich,
The Holocaust. The Nazi Persecution and Murder of the Jews, Oxford University Press, 2010, p. 115) :
Göring. - Wenn das Deutsche Reich in irgendeiner absehbaren Zeit in außenpolitischen Konflikt kommt, so ist es selbstverständlich, daß auch wir in Deutschland in allererster Linie daran denken werden, eine große Abrechnung an den Juden zu vollziehen. Darüber hinaus wird der Führer jetzt endlich einen außenpolitischen Vorstoß machen zunächst bei den Mächten, die die Judenfrage aufgeworfen haben, um dann tatsächlich zur Lösung der Madagaskar-Frage zu kommen. Das hat er mir am 9. November auseinandergesetzt. Es geht nicht mehr anders. Er will auch den anderen Staaten sagen : "Was redet ihr immer von den Juden? - Nehmt sie!" - Dann kann man noch einen Vorschlag machen : die reichen Juden können in Nordamerika, Kanada oder sonstwo ein großes Territorium für ihre Glaubensgenossen kaufen.
Göring. - Si, dans un proche avenir, le Reich allemand devrait entrer en conflit avec les puissances étrangères, il va sans dire que nous, en Allemagne, devrions en tout premier lieu penser à régler nos comptes avec les Juifs. En outre, le Führer va entamer des démarches auprès de ces puissances étrangères qui ont soulevé la question juive, afin d'obtenir la résolution du projet Madagascar. Il m'a expliqué tout cela, le 9 novembre. Il n'y a pas d'autre moyen. Il va dire aux autres pays : "Qu'est-ce que vous avez, à toujours parler des Juifs ? - Prenez les !" Une autre proposition peut être faite. Les Juifs riches peuvent acheter en Amérique du Nord, au Canada ou ailleurs, un vaste territoire pour leurs coreligionnaires.
Il faut en déduire deux choses :
1) Lorsque la guerre éclatera, et elle doit éclater l'année suivante conformément au programme de Hitler, la résolution de
Judenfrage constituera l'un des objectifs prioritaires du régime, voire le premier d'entre eux.
2) Dans cette logique, le plan Madagascar tient une place essentielle. Sachant que Göring prend soin de rester dans la vague, s'agissant de la datation des démarches internationales de Hitler, il est peu probable qu'elles ne visent que les seuls Juifs du
Reich... Et effectivement, en 1940, le plan Madagascar se voudra une solution d'ensemble de la "question juive" à l'échelle européenne.