... qui prouve que les scénaristes de ce remarquable téléfilm ont su comprendre le mécanisme de l'engrenage nazi, à la différence de bien des historiens.
Tout d'abord, ce film est le premier à reconnaître que le
Führer est capable de mentir à ses subordonnés, pour mieux les impliquer dans ses projets - en l'occurrence la "Solution finale". Ainsi en témoigne ce dialogue reconstitué entre Heydrich (Kenneth Brannagh) et Friedrich Kritzinger (David Threlfall), qui représente à la conférence de Wannsee la Chancellerie du
Reich, et manifeste des réticences à cautionner le processus génocidaire :
Kritzinger. - Se débarrasser des Juifs, d'accord. Mais les anéantir... Nous aurions donc entrepris d'anéantir systématiquement tous les Juifs d'Europe ? Non, impossible. Cette idée a été catégoriquement niée devant moi par notre Führer !
Heydrich. - Et il continuera de le nier.
A l'occasion d'une pause, vers la fin de la conférence, Heydrich aborde Friedrich Kritzinger, qui a commencé à céder, progressivement :
Heydrich. - N'avez- vous pas dit, plus tôt : "Soyons pragmatiques" ?
Kritzinger. - Oui.
Heydrich. - Alors, le moment est venu de l'être... jusqu'au moment où l'Allemagne aura les moyens de votre philosophie : mmm... "Persécutez-les, appauvrissez-les, exploitez-les, emprisonnez-les, mais surtout, ne les tuez pas" ? Et vous êtes un saint homme, c'est remarquable.