La question que je soulève est celle de la responsabilité de la France ou, plus étroitement, de son Etat.
L'autonomie de Vichy est une erreur historique profonde de Paxton, qui me paraît, lentement certes mais sûrement, en voie de correction. En d'autres termes, il n'y a à Vichy aucun Etat digne de ce nom, juste un simulacre actionné de l'extérieur, en raison même de l'armistice et des moyens de pression gigantesques qu'il permettait de déployer jour après jour à Wiesbaden -ou à Paris, dans toute conversation d'Abetz ou d'un membre de son équipe avec un représentant de Vichy.
A te lire, nous finirons par croire que tu essaies de dédouaner Vichy de toutes ses ignominies. Comme le suggérait l'un de nos contradicteurs, faudra-t-il bientôt songer à compter Laval et Bousquet parmi les "Justes entre les Nations" ? §;-))
Dans l'élaboration des lois d'exclusion du second semestre 1940, l'autonomie et la responsabilité de l'Etat étaient entières. Avant même le 10 juillet et peut-être même avant, Juifs, francs-maçons et communistes étaient considérés par Pétain et sa clique comme les
principaux responsables des malheurs de la France. Et le régime saisi d'une diarrhée législative s'empressa de les exclure.
Pour en revenir au Statut du 3 octobre 1940, publié au JOEF du 18 octobre, - comment expliques-tu que la loi du
7 octobre 1940, abrogeant le décret Crémieux qui accordait la nationalité française aux Juifs d'Algérie, est publiée au JOEF, le lendemain
8 octobre ?
- Comment expliques-tu que la loi du
11 octobre 1940 suspendant l'accession des Juifs d'Algérie aux droits politiques est publiée au JOEF, deux jours plus tard : le
13 octobre.
- Comment expliques-tu que les instructions adressées à Weygand, le
5 octobre, indiquent :
la question juive en Afrique du Nord est à régler. Il est essentiel de mettre fin à une activité politique nuisible (poursuite des accapareurs, modification éventuelle des juifs d'Algérie)
A quoi pouvait se raccrocher ces 3 textes si ce n'est au Statut ?
Bien cordialement,
Francis.