Bonsoir,
Sans avoir une réponse cohérente - les parcours de nombre de résistants giraudistes ou vichysto-résistants furent divers et contrastés - je dirais volontiers que le malheur de la France fut d'avoir à la tête de l'Etat une figure mythique, celle du vainqueur de Verdun, qui brouilla tant d'esprits.
Je propose un bel exemple, le parcours du général Cochet, Un résistant atypique : entre vichysme et gaullisme
Deux extraits révélateurs : ...l'obsession de Cochet pour l'ordre, le redressement et l'unité de la patrie déchirée le conduit à apporter un soutien inconditionnel à Pétain. Il appelle à "se serrer autour du Maréchal", seul capable de remettre la France sur pied et de lui rendre progressivement son honneur. Le redressement de la France est un préalable auquel il consacre toute son énergie. Ainsi demande-t-il à ses adhérents de se montrer "impitoyable" contre tous ceux qui le freinent.
Vichy associe la formule du redressement à la pénitence. Cochet la teinte d'une dimension plus revancharde : il s'agit de retrouver la dignité face aux vainqueurs et de se préparer à la reprise du combat. Certes, l'armistice est la sanction, normale, inévitable, d’une France coupable de s'être laissée conduire à la défaite. Les notions d'expiation et de réparation par la souffrance, dont Vichy fait son leitmotiv, ne sont pas absentes de ses tracts, mais l'idée prévaut, chez lui, que la faute doit conduire à l'action et non à la mortification passive
Et plus loin : En phase avec l'imaginaire d’une majorité de ses concitoyens, il voit alors dans le chef de l'Etat le premier résistant de France. En définitive, il "invente" un Maréchal idéal qui a peu à voir avec le personnage réel, sélectionnant dans ses paroles celles qui confirment ses croyances [...]
Et c'est bien cet aspect d'un Maréchal "idéal", né de l'imaginaire, qui hante encore nos débats de ces dernières semaines.
Bien cordialement,
Francis. |