Bonsoir - bonjour,
Le 4 novembre 1943, Frenay est à Alger.
Deux jours après, les commissaires donnent leur démission. Le général De Gaulle peut (enfin) former un gouvernement (provisoire) comportant des représentants des mouvements de la Résistance intérieure pour faire entendre "la France du refus" : Emmanuel d'Astier, René Capitant, François de Menthon et Henri Frenay.
Frenay ne reviendra pas en France avant la Libération. Les chefs des autres mouvements ne le souhaitent pas et il ne serait en sécurité nulle part.
Page 424 : "Henri Frenay, la figure emblématique de la résistance intérieure était devenu l'homme encombrant. Ses qualités comme ses défauts avaint contribué à le rendre indésirable : son activisme(...), son non-conformisme(...), son souci vétilleux de l'indépendance des mouvements, son désir de pouvoir, la cohésion qu'il avait su réaliser dans le mouvement Combat, sa volonté de distinguer systématiquement la France résistante de la France combattante, son côté donneur de leçons, sa capacité à critiquer et à le faire savoir, son impertinence devant De Gaulle. Frenay n'était pas le seul à dénoncer les dysfonctionnements des relations entre les deux France ou les projets de "Max". Mais ses critiques contre la France combattante étaient volontiers regardées comme une manifestation d'antigaullisme ( ce que, au fond, elles n'étaient pas) par ceux qui avaient compris qu'ils seraient plus libres sans sa présence, et, surtout, sans l'autorité que lui conférait son statut de pionnier de la Résistance et d'ennemi numéro un de la Gestapo et de la Sicherheitspolizei dont la tête était mise à prix. Comme l'a avoué Pascal Copeau lui-même : " Pour tout dire, nous avons beaucoup comploté, avec Max, en vue d'éliminer les chefs historiques, pour qu'ils laissent aux chefs de la deuxième vague la possibilité de travailler sans porter avec eux toutes les histoires des débuts."
A des amis et camarades de "Combat" qui se plaignent pourtant de son absence et de graves problèmes de trésorerie, il fait parvenir un télégramme (le 24 octobre 1943) :
"Afin de défendre avec la dernière énergie les intérêts et l'esprit de la résistance, je dois, selon l'avis général, rester à Londres et Alger, car il est indispensable que la voix de la résistance se fasse entendre hautement dans les importantes délibérations. Stop. Sort France en dépend peut-être."
(cité p. 427)
A partir de ce choix, Frenay va tenter de jouer ses cartes politiques...
A suivre.
Cordialement,
René Claude |