En affirmant que l'AFN ne pouvait se défendre alors que la Wehrmacht n'avait qu'un "bond" à faire pour l'envahir, vous inversez complètement l'ordre des choses, notamment en matière logistique... C'est à l'attaquant à transporter ses forces vers l'ennemi, le défenseur a toujours l'avantage logistique, surtout dans le désert, et surtout s'il retraite...

Oui je prétends, preuves à l'appui, que la Wehrmacht n'avait pas en juillet 1940 les moyens matériels de projeter au Maroc espagnol les forces suffisantes pour conquérir le Maroc français :

Cela représente un "bond" d'une distance plus grande que celui à faire pour aller de Varsovie à Moscou (voir les distances) en partant de Bordeaux (qui n'est pas en juin 1940, une base arrière allemande, mais admettons).

Avec quels camions traverser l'Espagne ? quels navires passer le détroit de Gibraltar ? quels navires protéger ces convois face aux flottes anglaises et françaises réunies ? Comment prendre rapidement Gibraltar ?

Il ne s'agit pas de quelques bombardiers, mais de plusieurs corps d'armée à projeter loin de leurs bases...

Oui je prétends que la Wehrmacht (pas la Luftwaffe : on ne conquière pas un continent avec quelques escadrilles de bimoteurs, c'est un mythe qui disparaîtra justement à l'épreuve des faits entre 1939 et 1945) n'avait pas plus les moyens de conquérir l'AFN à partir de l'Italie (qui ne le voulait d'ailleurs pas en 1940, mais c'est sûrement un détail pour vous) : quels navires pour faire les deux passages Italie continentale - Sicile - Tunisie ? Quels camions pour franchir les dorsales vers l'Algérie sur des milliers de km ?...

Et SURTOUT, l'absence d'ateliers français en AFN (en partie faux), et même d'une manière plus générale le manque de moyens de défense de l'AFN que vous affirmez sans preuves (et que je conteste) ne règle pas la question : comment amener les forces allemandes à durant l'été 1940 en Afrique du Nord en nombre suffisant pour conquérir les 3.000 km environs que représentent Maroc - Algérie - Tunisie, et comment les ravitailler le temps nécessaire...

Même si l'ennemi est faible, il faut venir l'attaquer, et si vous ne le pouvez pas, et bien il tiendra...

Quant aux "projets" de Churchill, il en avait 5 par jours... Un jour il veut attaquer le Dodécanese (operation Mandible) le lendemain la Sicile, le surlendemain Pantelleria, ensuite il veut sacrifier deux cuirassiers pour embouteiller le port de Tripoli, etc....

Tout cela parce qu'au printemps 1941 (pas au cours de l'été 1940, date à laquelle il faut se placer pour juger de l'intérêt d'un armistice français), il a envoyé une petite flottille de chalands de débarquement (les mêmes que ceux utilisés à Narvik - l'Axe n'en a pas d'ailleurs, ce qui est embêtant pour un débarquement de vive force), qui seront bien plus utiles en Crète et surtout pour ravitailler Tobrouk assiégé (à fond plat, ils sont très difficilement coulables par des avions, et invulnérables aux torpilles).

Cela ne règle absolument pas la question, que vous esquivez : avec quels moyens les allemands pouvaient-ils en juillet 1940 envahir l'AFN face aux flottes françaises et anglaises...

Des Ju52 ? des Ju88 ? quelques Me110 ? quelques bataillonen de Fallschirmjagers ? (les Me 109 n'ont même pas le rayon d'action suffisant pour attaquer sur l'Algérie), soyons sérieux...

Les délais pour planifier et mettre en oeuvre un telle projection de forces auraient été trop longs pour sauver la Libye et pour empêcher un renforcement des défenses Alliées.

Pour mémoire, les premières études théoriques d'envoi d'une division de Panzer en Libye (territoire ami, pas un débarquement de vive force) ont commencé en août 1940 et elles ne commenceront à être mises en oeuvre en... février 1941 ! 5 mois et demi après !!!

Et il ne s'agit là que de l'envoi d'un Sperrverband en urgence, avec l'aide des moyens italiens, et accueilli en "grande pompe" par les italiens à Tripoli...

Enfin, vous invoquez une hypothétique invasion de la Corse : cela relèverait du possible en juillet 1940, mais il manque les navires de transport et surtout cela ne résout en rien le problème de la conquête de l'Algérie, pièce maîtresse de l'AFN française et hors d'atteinte des Panzers, même en passant par l'Espagne ou la Sicile... la Sardaigne eut été plus proche des cibles, mais cette île est encore plus "pauvre" en équipement que la Sicile, et les flottes Alliées etc...

Je le répète les faits sont têtus : les français se sont faits "manipulés" et ont "craqué" nerveusement (et je parle de ceux qui ont signé cet armistice, pas de ceux du front Popu).

Rien ne peut objectivement justifier des craintes pour l'AFN en 2009, avec le recul requis pour apprécier avec sérénité les évènements.

CM