> Elle consiste à occulter l'initiative allemande en
> mettant l'accent sur le fait que non seulement
> l'exécution de ces déportations a été confiée à la police
> française de zone occupée mais que c'est souvent Vichy
> qui a réclamé qu'il en soit ainsi tandis que les
> Allemands y trouvaient aussi leur compte.
Belle caricature de
l'état de l'historiographie...
> Vichy agissait ainsi parce qu'il voulait que son autorité
> sur la zone occupée demeurât la plus entière possible et
> ne pas en être dépossédé au profit de l'Allemagne
> victorieuse à une date où l'on ignorait quelles seraient
> les conditions d'un traité de paix. Le statut des juifs
> du 4 octobre 40 relève de la même tactique.
> Fallait-il donner à cette Allemagne l'habitude de croire
> qu'elle était chez elle au nord de la ligne de
> démarcation ou limiter ses droits sur cette zone occupée
> autant qu'il était possible ?
Arf...
Car ce faisant, vous venez de démontrer l'exact contraire de ce que vous vouliez démontrer.
Or donc, si je vous suis bien,
"la préférence nationale n'est pas une invention de Le Pen. Elle est si forte et si universelle qu'elle est le plus souvent implicite. L'identité nationale, que voulez-vous ? ça se sent plus que ça ne se dit. Faut-il des minarets dans le ciel de Paris ? A mon avis, non. Une nation est une personne (morale, certes mais quand même) et une personne c'est l'unité de base sur quoi tout se fonde, d'où tout part, à quoi tout revient et autour de quoi tout circule."
A ce titre, précisiez-vous,
"objectivement un homme en vaut un autre, évidemment, mais le devoir professionnel vous oblige parfois à des choix. Vichy avait reçu mandat de protéger en priorité ses nationaux."
Dès lors, Vichy reçoit pour
"mandat" (de qui ? quand ?) de pratiquer une politique de
"préférence nationale", qui coule d'ailleurs de source selon vous, impliquant notamment de discriminer, ficher, exclure, et en toute hypothèse "sacrifier", soi-disant, des Juifs étrangers pour protéger des Juifs français.
Ce
"mandat" tient tant à coeur à Vichy que ce dernier, précisiez-vous,
"voulait que son autorité sur la zone occupée demeurât la plus entière possible et ne pas en être dépossédé au profit de l'Allemagne victorieuse à une date où l'on ignorait quelles seraient les conditions d'un traité de paix". Et à ce titre,
"le statut des juifs du 4 octobre 40 [
sic : du 3 octobre, publié au
J.O. le 18 octobre]
relève de la même tactique".
Bref, vous venez de démontrer que Vichy s'efforce de mettre en pratique une politique de racisme d'Etat au nom de considérations de souveraineté nationale, et non par souci d'obéir
"au-to-ma-ti-que-ment" aux Allemands. Autrement dit, Vichy met en oeuvre la
"préférence nationale" de son plein gré, et s'efforce même de l'étendre à la zone occupée par pure volonté d'indépendance.
Toutes mes félicitations, l'anonyme. Car vous savez quoi ? C'est précisément l'un des griefs formulés à l'encontre de Vichy, avoir élaboré une législation raciste sans exigence allemande préalable, et au nom d'une conception particulièrement intolérante du concept de
"nation", et d'une vision passablement curieuse (et bien sûr, criminelle) de la
"souveraineté nationale".
> Mettant à profit cette attitude conservatrice, le MBF a,
> c'est exact, préféré utiliser les policiers français
> plutôt que ses propres troupes pour ne pas attiser le
> ressentiment des Français mais, de toute façon, il avait
> autorité pleine et entière sur ces policiers. Tout ce
> qu'il pouvait faire en plus c'est de "mouiller" la
> hiérarchie policière des deux zones.
Ah bon ? Vous nous aviez pourtant écrit :
"Si vous saviez ce qu'ils pouvaient s'en taper, les nazis, de l'opinion publique"...
... ce qui était
faux.
> Or, pour ce qui concerne 1941, les trois déportations de
> Juifs eurent lieu sans que Vichy en ait même été informé
> avant leur exécution.
> Seulement après.
Faux pour la première rafle, et conclusion très incomplète pour les deux suivantes (pour plus de précisions sur ces rafles,
voir mon article, avec d'autres éléments
dans ce message).
Première rafle (mai 1941) : les S.S. demandent et obtiennent de Vichy que les Juifs étrangers de zone occupée soient parqués dans des camps, comme tel est le cas en zone "libre". Vichy accepte et coopère.
Deuxième et troisièmes rafles (août et décembre 1941) : décision allemande fondée sur un prétexte choisi pour ne pas froisser Vichy (les Juifs doivent payer pour les actions de la Résistance). Comme je l'ai déjà écrit (voir mes articles ci-dessus référencés), Vichy est informé après, mais ne pose aucune difficulté, preuve que le calcul allemand (en fait, celui de l'ambassadeur Abetz) s'est révélé judicieux. Les Juifs arrêtés sont internés dans des camps tenus par la police française.