... et nonobstant cette révélation étonnante sur l'obéissance inconditionnelle de la
Stasi aux gouvernements américain, britannique et français, vous estimez que :
-
"tous les fonctionnaires d'un pays occupé obéissent automatiquement (j'ai même écrit au-to-ma-ti-que-ment) à la puissance occupante, nul n'est besoin pour cette puissance de disposer de l'appui du gouvernement (largement fantoche en effet)du pays occupé" ;
- en effet, ladite puissance occupante
"ordonne et elle obtient tout ce que vous dites : identification, fichage, regroupement, déportation..." ;
- s'agissant du cas français,
"Vichy ne pouvait donner aux Allemands sa police de zone occupée ni la leur refuser en juin 42 puisqu'ils la possédaient déjà depuis deux ans".
Naturellement,
c'est entièrement faux.
Cela dit, admettons donc un instant votre raisonnement. Heydrich, donc, en 1942, veut exécuter les souhaits de son
Führer et exterminer les Juifs d'Europe. En France, il a la possibilité de les éradiquer tous en peu de temps, nous dites-vous, car il a le contrôle de la police française (qu'il confie à son adjoint Oberg) en vertu des prérogatives de l'Allemagne découlant de son statut de puissance occupante.
Bref, à supposer que Heydrich réquisitionne la police française,
"tous les juifs de Paris et de sa banlieue auraient été raflés en une semaine en 42"" (pour rappel, la rafle du Vel d'Hiv' permettra d'arrêter 12.884 Juifs, et 10.000 autres Juifs parqués dans les camps de zone libre seront livrés aux Allemands), le reste devant très vite suivre.
Or, pour une raison qui m'échappe totalement si je suis votre... disons, "logique", Heydrich entre en négociations avec Vichy, via le Secrétaire général à la Police René Bousquet (
c'est Heydrich qui prend l'initiative, et non Bousquet) pour obtenir la coopération de la police française, de manière, notamment, à lui confier la tâche de procéder aux rafles elles-même. Il précise à Bousquet que le
Führer aurait ordonné de placer la police française sous la tutelle de son adjoint Oberg, mais qu'il est disposé à n'en rien faire, et à laisser à la police française son indépendance pour travailler main dans la main avec elle, dans un bel esprit de camaraderie policière. Cette concession, on le sait, Heydrich était désireux de l'effectuer avant même de rencontrer Bousquet, de sorte que sur ce point, Bousquet n'a rien obtenu que ce que les nazis étaient disposés, déjà, à lui accorder.
Or, dans votre scénario, une telle initiative est proprement incompréhensible. Pourquoi Heydrich négocie-t-il, et pourquoi "cède"-t-il immédiatement une police qui, selon vous, lui appartient déjà ? Pourquoi, puisqu'il peut, selon vous, faire usage lui-même de nos policiers, descend-il de son piédestal pour annoncer à Bousquet qu'il renonce à ce privilège ?