Un destinataire de cette lettre m'a informé de la parution d'une critique du livre sur Mandel :
Elle est presque aussi basse de plafond que celle du
Patriote résistant ! Mais intéressante sur les ravages actuels du fonctionnalisme.
Je reproduis ici ma réponse :
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Merci de cet intérêt !
Mes livres ont été, au total, peu commentés... et là gît peut-être une partie de l'explication de votre sévérité. Il semble que ma démarche vous déroute, aussi vais-je tenter de mieux la faire comprendre, à vous-même comme au visiteur de passage sur ce site.
Seul biographe français de Hitler à ce jour (et impatient de ne plus l'être), je ne me dis pas intentionnaliste, pour la bonne raison qu'il n'y a pas là une école mais une nébuleuse d'auteurs, dont les plus connus, comme A. Hillgruber ou L. Dawidowicz, me paraissent dans l'erreur sur des points essentiels. Le fonctionnalisme, en revanche, est une école, avec ses fondateurs, Broszat et Mommsen, et leurs continuateurs comme Burrin, Kershaw, Browning... et là je m'inscris clairement en faux. Leur façon de voir le nazisme comme un "processus cumulatif" lié aux besoins divers de la société allemande passe par une sous-estimation constante de la position de Hitler comme de ses capacités, même si la deuxième génération a mis un peu d'eau dans ce vin. Kershaw, par exemple, cerne nettement mieux le personnage de Hitler mais trouve encore le moyen de le dire, on ne peut plus inexactement, paresseux, et d'étudier chaque crise en elle-même, ignorant des traits permanents et essentiels présents dans presque toutes.
Vous êtes, consciemment ou non, nourri à ce lait. Que cela vous rende sceptique sur mon analyse est normal et sain, tant que votre scepticisme ne vous pousse pas à me lire en diagonale. Car il est très étonnant que vous réduisiez ma documentation originale aux dossiers du commissaire Courrier et au témoignage de son fils -dont vous méconnaissez d'ailleurs, et l'apport essentiel, et la place dans ma thèse. Ayant perdu de vue Mandel le 16 novembre 41, Courrier n'a évidemment rien à voir dans son assassinat, qui n'était nullement prévu à l'époque. En revanche, cette surprenante documentation est essentielle pour comprendre de façon nouvelle et beaucoup plus logique la genèse du procès de Riom, pendant laquelle le Reich faisait semblant d'exiger et la comparution de Reynaud et de Mandel, et leur exécution.
Vous semblez avoir survolé de très haut les trois derniers chapitres qui, à coup d'archives gravement vierges, pénètrent dans les arcanes de la Milice d'une part, du système de défense de ses membres après la guerre, d'autre part.
La culpabilité directe de Hitler n'est pas une fantaisie intentionnaliste, mais un fait documenté.
S'il découvre ceci à une heure, même en Sarkozye, non ouvrable, le lecteur peut en apprendre plus, avant de courir acheter l'ouvrage, en cliquant sur ce lien :
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