pour ma part je crois que Gamelin, Weygand et même Pétain ne sont nullement, avant le 14 mai, défaitistes... sinon peut-être en un sens qui n'est pas celui auquel tu penses. Ils seraient chagrinés peut-être (à des degrés divers) par un écroulement trop brutal et complet de l'Allemagne, propice à on ne sait quels débordements populaires. Mais aucun ne croit qu'elle soit à la veille d'un triomphe.
La fréquentation des papiers Doumenc m'en a, vers 1990, durablement convaincu. Le major général, numéro 3 de l'armée française derrière Gamelin et Georges, et encore, Gamelin le joue contre Georges, est le type même du technicien apolitique, que la lecture de l'Action française fait probablement baîller et qui n'est pas là pour en faire baver aux bidasses après le laxisme du Front popu. Ses papiers témoignent non seulement pour lui-même, mais pour ses pairs (qui ne sont pas non plus en train de souhaiter une victoire allemande) et notamment pour Gamelin -qui, lui, est carrément persuadé le 10 mai au matin que Hitler fait "la faute" d'attaquer car le blocus l'étouffe !
Ils sont bel et bien tous mis dans le vent par l'habileté du nazisme à masquer ses coups, et notamment le talent qu'il a déployé, militairement, diplomatiquement et par la propagande, pour faire croire qu'il ambitionnait tout au plus une occupation du Benelux. |