Bonsoir,
De Brinon se vante d'avoir "protégé la France". Dans l'hypothèse où de Brinon tenta d'intercéder pour ses proches et quelques personnalités en vue, qu'en fut-il dans la réalité ? Avait-il l'autorité nécessaire pour obtenir gain de cause ?
Maurice Rajsfus,
Opération Etoile jaune, reproduit un certificat, daté du 1er mai 1943, délivré par Herbert Hagen (adjoint de Karl Oberg) chef de la section anti-juive du SD :
Le présent certificat exempte Madame de Brinon, née Franck, Jeanne-Louise, née le 23-6-1896, à Paris, domiciliée actuellement au château de la Chassagne, par Felletin (Creuse), des mesures réglementant le port de l'étoile juive, telles qu'elles ont été fixées le 29-5-1942, par la 8e ordonnance réglant le statut des Juifs.
La présente a effet immédiat et reste valable jusqu'au 31 août 1943, et permettra à Madame de Brinon d'établir, avec certificat, son ascendance. [archives du CDJC]
Remarquons que cette dérogation, limitée dans le temps, comporte une clause suspensive enjoignant Madame de Brinon à prouver son ascendance. Nous ignorons quels furent les arguments avancés par son mari pour obtenir cette dérogation.
Ailleurs, Rajsfus mentionne un curieux document qui figure également aux archives du CDJC. Le document fait état d'une conversation entre Otto Abetz et l'un des conseillers d'ambassade, spécialiste des question juives. Les deux hommes s'interrogent sur les demandes de dérogations introduites par de Brinon. Pour Otto Abetz, la solution est des plus simples comme l'a suggéré Oberg : "
Fernand de Brinon n'a qu'à démissionner. Et puis,si l'on entre dans le jeu des dérogations, il en proposerait d'autres.
Bien cordialement,
Francis.