Je voudrais tout d'abord mettre en garde (à la suite de Bénédicte Vergez-Chaignon) contre une interprétation au premier degré de la lettre de Ménétrel de 1943.
Il est depuis longtemps accusé de tous les maux par Abetz et l'ambassade, qui souhaitent assez ouvertement son départ de Vichy ou au moins son cantonnement dans la fonction de toubib du maréchal. Il essaye de prolonger ses fonctions (un vague secrétariat aux bonnes oeuvres, couverture de certains contacts) en faisant assaut d'allégeance à l'antisémitisme le plus radical.
Je ne dis pas que c'est malin, mais simplement que cela ne prouve ni son antisémitisme, peu établi par ailleurs, ni sa connaissance des aspects les plus expéditifs du judéocide.
Cela précisé, je rappellerai que la France est la seule grande puissance occupée et le meurtre des Juifs un objectif nazi parmi d'autres. Là est peut-être, avec la différence de densité du territoire, l'explication principale d'un "score" aussi avantageux par rapport à la Belgique et à la Hollande.
Donc, finalement, en un sens bien précis, je suis d'accord avec le slogan "Vichy a traîné les pieds dans la Solution finale"; à condition d'ajouter aussitôt : parce que Hitler avait mieux à lui faire faire. |