Bonsoir,
Au procès de Nuremberg, parmi les nombreux chefs d'accusation portés contre le maréchal Wilhelm Keitel, chef suprême de la Wehrmacht, figurent les projets d'assassinat de Maxime Weygand et un peu plus tard celui de Henri Giraud.
Keitel est interrogé par le colonel John Amen. En qualité de témoin, le général Lahousen (adjoint de l'amiral Canaris, chef de l'Abwehr) est appelé à la barre.
Extraits condensés de l'interrogatoire de Lahousen : Lahousen : En 1940, après la défaite de la France, Canaris m'apprit que Keitel lui demandait avec insistance de préparer la liquidation du général Weygand ...
Amen : Un instant, je vous prie. Qu'entendez-vous par "liquidation"?
Lahousen : Sa suppression physique. On voulait l'assassiner.
Amen : Quelle raison donnait-on pour tenter de tuer Weygand ?
Lahousen : On craignait, du moins on disait craindre que Weygand, alors commandant en chef en Afrique du Nord, n'organisât avec cette partie intacte de l'armée française, un important centre de résistance.
Amen : Quelle fut la réaction de Canaris ?
Lahousen : Il me déclara carrément qu'il ne pouvait être question d'accomplir une telle mission, ni même de la faire préparer. Si bien que l'ordre de Keitel resta lettre morte. Quelques semaines plus tard, j'accompagnai Canaris qui allait faire à Keitel son rapport habituel. Keitel me demanda - il s'adressait à moi, parce que cette mission était en principe de mon ressort - où en était l'affaire Weygand. Je ne pouvais évidemment pas lui dire que je n'avais jamais eu l'intention d'exécuter son ordre; si j'avais donné une telle réponse, je ne serais pas là, aujourd'hui, pour déposer à cette barre. Si je me souviens bien, je m'en suis tiré par de vagues formules. Sans doute, comme dans beaucoup de cas semblables, je répondis que c'était très difficile, mais que nous ferions tout notre possible, ou quelque chose de ce genre.
Et c'est ainsi que les Mémoires de Maxime Weygand figure au catalogue de LdG.... grâce à Canaris.
Et Giraud ? Ce fut deux ans plus tard et ce sera à la prochaine contribution.
Bien cordialement,
Francis. |