Bonsoir François,
Tout aussi amicalement et sans complaisance !

Le choix d'un l'extrait de l'avant-propos "A l'Est, la mémoire retrouvée" n'était pas anodin. J'évitais de brusquer les esprits chagrins:

Mais nous devons ensemble, à l'Est comme à l'Ouest, faire un grand effort de mémoire et d'histoire, compléter, corriger au besoin le travail du retour de la mémoire par un travail de progrès de l'histoire.

Lorsque pendant des décennies, l'histoire officielle - celle dictée et imposée par Moscou - fut le brouet que tout citoyen, aussi bien de l'Union soviétique que des pays satellites sous tutelle, était tenu d'ingurgiter, faut-il s'étonner de la ferveur mémorielle que nous constatons ces dernières années ? Ceux qui "savaient" étaient soumis au silence sous peine de se retrouver quelque part en Sibérie.
Que l'Ukraine commémore en grande pompe la famine des années 30 - toujours niée de nos jours - ne peut qu'inciter les historiens à s'y intéresser d'un peu plus près.

Mais revenons à la Pologne et l'abcès de fixation que fut le massacre de Katyn !
Témoignage :

"Maman était institutrice. Bien qu'ayant deux enfants, elle a tout de même perdu son poste pour avoir dit que son mari était mort à Katyn"

Document officiel :
Extrait du protocole n° 80 de la séance du Politburo du CC du PCUS du 2 mars 1973 :

Sur l'exposé à l'ambassade anglaise en rapport avec la campagne antisoviétique en Angleterre à propos de l'édification à Londres du prétendu "monument aux victimes de Katyn".

1. Notifier la proposition à l'ambassadeur soviétique à Londres (en annexe).
2. Charger le ministère des Affaires étrangères de l'URSS d'informer nos amis polonais de notre exposé au gouvernement anglais.

Le Secrétaire du CC

Londres - à l'ambassadeur soviétique

Ultra secret

Se rendre auprès du ministre des Affaires étrangères et, concernant la mission, communiquer comme suit:

L'attention du gouvernement britannique a déjà été attirée sur le fait qu'en Angleterre plusieurs tentatives sont entreprises pour fomenter à des fins hostiles à l'Union soviétique une campagne liée à la propagande de Goebbels relative au dénommé "cas Katyn"'. Dans l'exposé présenté par le ministère des Affaires étrangères de l'URSS le 13 septembre 1972 à l'ambassade britannique à Moscou en vue de sa transmission au gouvernement britannique, on soulignait que la construction à Londres d'un "monument" aux victimes de Katyn ne peut pas ne pas susciter une indignation légitime de la part de l'Union soviétique.

A en juger par les documents publiés dans la presse anglaise, cette provocation du "monument" n'est pas encore terminée. On apprend en particulier que l'administration du quartier londonien de Kensington-Chelsea aurait déjà donné l'autorisation de construire un tel "monument" sur le territoire du quartier, près de l'église de Saint-Luc, et en aurait déjà approuvé le projet. La nature des inscriptions qui auraient été autorisées, selon les informations qui nous sont parvenues, sur le "monument" concerné sont particulièrement déconcertantes. Il s'agit d'une grossière déformation des faits historiques quant aux coupables réels de la tragédie de Katyn qui reproduit en réalité des mensonges ignobles, mis en circulation par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale pour cacher les crimes sanguinaires, bien connus de tout le monde, des bourreaux de la Gestapo.

La position du gouvernement anglais à ce sujet est en contradiction ouverte avec ses intentions affichées visant à l'amélioration des relations avec l'Union soviétique. A Moscou, on s'attend de la part du gouvernement anglais à ce que des mesures adéquates soient prises pour mettre fin à cette campagne hostile à l'Union soviétique à propos de la construction à Londres dudit "monument" aux victimes de Katyn.

Confirmer l'exécution de l'opération.

C'était en 1973 ! Il faudra attendre 1989 pour que Moscou considère - pour des raisons diplomatiques - qu'il serait plus opportun de dire ce qui s'est réellement passé et qui a été le coupable concret, et de clore la question sur cela. Les coûts d'une action de ce type seraient en fin de compte mineurs si on les compare aux dégâts de l'inaction actuelle (extrait d'un document signé; E. Chevernadze, V. Faline, V. Krioutschkov

Il faudra attendre janvier 1991 pour que le procureur général d'URSS ordonne un enquête sur le destin des officiers polonais exécutés.

Et en 2008, en France, une extrême-gauche en est encore à crier au complot capitalo-impérialo-vaticano, etc.... visant à attribuer au Petit père des peuples un massacre perpétré par les nazis. J'en avais déjà donné un exemple ici : Staline pas mort
Mais bof ! L'article de Libé n'est plus accessible.

Faut-il s'étonner que la suspicion soit de mise et que tout soit mis en oeuvre pour exorciser les fantasmes et, souhaitons-le, aboutir à l'apaisement des passions.

Bien cordialement,
Francis.