"Vous fantasmez largement une "terreur rouge" en Allemagne et en Hongrie, où la terreur de l'autre bord fut infiniment plus efficace (y compris contre des bourgeois comme Rathenau)."
Hélas, non. La "Terreur Rouge", c'est ainsi qu'on appelle la très courte période du règne de Béla Kun en Hongrie. L'expression n'est pas de moi. Bien évidemment, le bilan n'a rien à voir avec celui du communisme russe mais rapporté au nombre de jours de la République des Conseils et à la population hongroise, je ne suis pas sûr que le camarade Béla Kun fasse si piètre figure que cela...
Quant à l'Allemagne, on pourrait multiplier les exemples d'atrociés commises par les Rouges lors des différents soulèvements de l'après-guerre. Juste un : à Munich, le 30 avril 1919, les miliciens rouges décident d'abattre cinq otages pour chaque spartakiste tué au cours des combats contre le corps-franc de Görlitz qui se rapproche de la ville. Ils passent à l'acte. Ensuite, les visages des cadavres sont écrasés à coup de talon et les corps sont dépecés. Je crois que le terme de boucherie convient assez bien.
"Le rapport entre les victimes des insurgés et leurs pertes ne doit pas être loin de celui de la Commune de Paris..."
Ebert = Thiers ?
Si les communistes allemands ont subi de si lourdes pertes, c'est en raison de la faible valeur militaire de leurs escouades et de la très grande efficacité de leurs adversaires. Je ne nie pas la contre-terreur. Ni en Allemagne, ni en Hongrie où elle prit d'ailleurs un caractère antisémite, Béla Kun comme les trois quarts des commissaires étant juifs.
"Vous êtes bien bon de défalquer de votre bilan type "Livre noir" les morts soviétiques de la SGM. Bien bon, mais peu logique..."
Il ne s'agissait pas de "mon" bilan mais des estimations avancées par des démographes russes et qui ont le mérite de donner une idée de l'ampleur des massacres. Vous savez comme moi qu'il est très difficile de distinguer, par exemple, parmi ceux qui moururent de faim et de maladie, les victimes du manque de ravitaillement des personnes privées de ration alimentaire pour appartenance la classe des exploiteurs etc...
Le fait est que, dès le début, les expériences communistes en Europe (et ailleurs) se caractérisent par leur brutalité. Le système terroriste est d'origine. Il est d'ailleurs ouvertement revendiqué par les chefs rouges. N'est-ce pas Lénine lui-même qui parle de "terreur de masse" ?
La ficelle qui consiste à faire du stalinisme un "dérapage sanglant" est vraiment trop grosse. "Le stalinisme, écrivait Soljenitsyne (L'erreur de l'Occident) n'a jamais existé ni en thérie ni en pratique : on ne peut parler ni de phénomène stalinien ni d'époque stalinienne. Ces concepts ont été fabriqués après 1956 par la pensée occidentale de gauche pour préserver les illusions du communisme". A en juger par vos écrits et ceux de votre rémora, ces concepts continuent d'être opérants. |