Je précise tout de suite que la question de la définition de l'Homme fasciste fait problème puisqu'elle n'est pas posée au début du livre (c'est qui est une faute gravissime dans le milieu universitaire).
Mais la postface de Klaus THEWELEIT livre quelques clés :
(p.117 il parle son livre paru en 1977 sur les soldats des Freikorps de 1919 et leurs écrits) :"je m'étais livré à une approche inédite, à la tentative de ne plus considérer le fascisme et plus spécifiquement le nazisme comme le fruit monstrueux d'une "idéologie" effroyable, mais de le décrire, en me fondant sur une étude de la relation homme-femme dans l'histoire européenne, comme une manière violente d'établir la "réalité". En d'autres termes, je considérais la réalité politique meurtrière d'un Etat fasciste fondé sur la violence non comme la conséquence des convictions, des idées ou des intérêts industriels en jeu, mais comme la traduction des états corporels dévastateurs dont souffraient ses protagonistes. L'état fasciste était une réalité produite par le corps de celui que je nomme le "mâle-soldat"."
Donc l'homme fasciste est avant tout l'acteur sur lequel va s'appuyer un Etat fasciste (et plus largement je serai tenté d'y englober tous les état totalitaires violents).
Le concept me paraît différent de celui cité par Littell, surtout avec ces lignes-là :
(p. 123) "(...) notamment parce que je l'interprète comme une confirmation de mon hypothèse selon laquelle il existe une structure universelle "du" corps du mâle-soldat - autrement dit "du" fasciste politique,n que, dans l'exercice d'une violence typique, l'on peut rencontrer dans la culture virile tant eurasiatico-américaine que japonaise ou islamique. Cette hypothèse s'appuie sur différentes sources : sur l'analyse de tortionnaires du monde entier qu'a proposé Kate Millett ; sur ce qu'a écrit Rigoberta Menchù au sujet des sévices des "escadrons de la mort" au Guatemala ; sur le travail que Mika Haritos-Fatouro a consacré à la manière dont étaient formés les membres de la police militaires grecque sous la dictature ; sur la torture telle qu'on l'a connue dans les dictatures militaires d'Amérique du Sud ; sur les descriptions du comportement des surveillants dans les prisons nord-américaines : mais aussi sur la figure du "fasciste qui prend du plaisir à pratiquer la torture" dans "salo ou les 120 journées de Sodome" de Pasolini (...). Ces exemples incitent à élargir ou à préciser certaines de mes conclusions antérieures. Quelques repères : l'homme qui accouche de lui-même en tuant autrui ; le rire du tortionnaire ; le corps régi par des institutions ; la transgression autorisée vers le crime divin ; la sexualisation de la violence ; l'exhibition théâtrale de la violence, sa mise en scène."
d'autres extraits du texte sont encore plus éloquents mais je vous laisse les découvrir...
Le concept est encore diffus mais j'arrive à appréhender, même si comme l'a relevé David à juste titre, il n'a plus grand chose à voir avec les doctrines Mussoliniennes...
CM |