Il n'en reste pas moins que les plus admirables de ces chevaliers du ciel ont participé à une guerre d'agression, et que leurs principaux succès ont été obtenus dans un ciel qui n'était pas le leur.
Et obtenus facilement, de surcroit avec l'immorale facilité qu'occasionne la préméditation. Il y avait trés peu de mérite, aux commandes d'un Messerschmitt 109, pour abattre un Potez 63, un Morane 406, un Hurricane ou un I.16.
Aprés, face aux Mustang et aux Yak.3 ils ont été beaucoup moins brillants.
Il est rétrospectivement assez malsain d'insuffler à des jeunes le culte de la guerre d'agression. Que des jeunes Allemands puissent ressentir cette trouble attirance, c'est possible. Mais des Français devraient se souvenir que c'était leur cocarde qui était une cible.
J'ai rencontré UN ancien de la Luftwaffe, qui ne s'est pas mépris sur l'agression nazie. Il a changé de nationalité, est devenu Français, se fait appeler Jean plutôt que Iohann. Il était mitrailleur sur Messerschmitt 110 bimoteur.
Il m'a parlé de sa campagne de mai juin 40 en France. Selon lui, les Allemands ne s'embarrassaient pas d'identification des avions français. Un chasseur avec moteur en étoile, c'était toujours un Curtiss (même si c'était un Bloch 152); et s'il avait un moteur en ligne, c'était toujours un Morane (même si c'était un Dewoitine 520) C'est à cause de cette erreur qu'il persistait à penser, même en 1985, que le Morane était un avion doté de performances respectables. |