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En réponse à -9 -8 -7* -6 -5 -4 -3 -2
-1Presque drôle de 

Dresde : les légendes ont la vie dure... de Nicolas Bernard le samedi 01 mars 2008 à 01h37

La totalité des affirmations d'"Ollivier" émane de Jörg Friedrich, L'Incendie. L'Allemagne sous les bombes 1940-1945, Editions de Fallois, 2004, p. 324-329. Un ouvrage intéressant sur bien des points, quoique historiquement discutable quant au coeur des thèses défendues, sans parler du bagage idéologique pour le moins suspect, et qui relève de la foutaise caractérisée s'agissant de l'exposé du bombardement de Dresde. Friedrich n'a d'ailleurs nullement étudié la question par lui-même, il se contente de sélectionner quelques passages de travaux antérieurs plus ou moins fiables, les arrange à sa sauce pour accoucher d'une analyse nawaquesque.

Premier point. Prenons le chiffre de la population totale de la ville de Dresde à l'heure du raid, réfugiés inclus. Entre 800.000 et 1 million de personnes dont 640.000 originaires de Dresde, affirme-t-il, sans mention de source. Et pour cause : ce chiffre est totalement fantaisiste.

En fait, une étude de Friedrich Reichert a permis d'établir que Dresde comptait, en février 1945, 567.000 habitants, auxquels il fallait y ajouter 100.000 réfugiés (Friedrich Reichert, "Verbrannt bis zur Unkenntlichkeit", in Musée de la Ville de Dresde, Verbrannt bis zur Unkenntlichkeit: Die Zerstörung Dresdens 1945, Altenburg, 1994, p. 55). Reichert a mené, en la circonstance, une enquête bien plus approfondie que ses prédécesseurs, et notamment le pourtant excellent historien du raid Götz Bergander, qui avait déterminé que le nombre de réfugiés dépassait 100.000 personnes et pouvait atteindre, supposait-il, 200.000 individus au total, ce dernier point n'étant pas le moins du monde démontré (voir la critique effectuée par Richard J. Evans, Lying about Hitler. History, Holocaust and the David Irving trial, Perseus Book, 2001, p. 174).

En d'autres termes, contrairement à ce que prétend abusivement Friedrich, qui a bâclé son travail, le nombre de personnes présentes à Dresde ne dépassait certainement pas 650.000 à 700.000. Cette ville était d'autant moins surchargée de réfugiés que ces derniers, d'ordinaire, ne demeuraient pas dans la ville plus de trois jours. Dresde n'était qu'une zone de transit, et les évacuations d'Est en Ouest se poursuivaient à cause de l'avance de l'Armée rouge. Friedrich aurait pu le savoir s'il avait effectué ses "recherches" avec rigueur et sérieux.

Friedrich aggrave ses erreurs historiques en reprenant un vieux mensonge négationniste consistant à prétendre que les Alliés auraient bombardé Dresde pour tuer un maximum d'Allemands innocents. En réalité, les plans alliés n'avaient absolument rien de génocidaire. Comme le démontre le meilleur historien de l'événement, Frederick Taylor, à partir d'archives et de témoignages, la décision britannique de bombarder Dresde est de nature à la fois politique et militaire (F. Taylor, Dresden. Tuesday, February 13, 1945, Perennial Books, 2005, p. 169-192). Il s'agit d'apporter un soutien réel à l'avance de l'Armée rouge, à une époque où les Occidentaux n'ont même pas franchi le Rhin. Churchill se sent en effet redevable à l'égard de Staline, qui pour soulager le front des Ardennes a avancé la date de son offensive d'hiver, laquelle se déclenchera effectivement le 12 janvier 1945. Détruire Dresde peut briser les arrières de l'armée allemande à l'Est (l'Ostheer), car ce serait la priver d'un très important centre de communications routières et ferroviaires. A l'heure de la conférence de Yalta, un tel cadeau offert aux Soviétiques peut revêtir une importance diplomatique certaine.

Ainsi que je le détaille dans mon article, Dresde n'est autre qu'une cynique mise en pratique de la guerre totale. Mais il est inepte de qualifier ce fait de génocide ou de crime contre l'humanité : Dresde, centre industriel non négligeable sans être comparable à d'autres secteurs géographiques du Reich, restait un pur objectif militaire au nom d'impératifs stratégiques et diplomatiques. Rien de comparable, donc, avec Auschwitz et Treblinka, Lidice et Oradour, sites de mise à mort industriels pour les uns, villages massacrés alors qu'ils ne représentaient aucun intérêt militaire pour les autres.

Dans tous les cas de figure, les assertions (politiquement orientées) d'"Ollivier" manquent de sérieux. Il prétend remettre en cause un article qu'il n'a même pas lu, ce à partir d'un résumé aussi bref que bâclé et inexact issu d'un ouvrage généraliste et très discutable quant à son contenu global. Cette démarche n'a rien de scientifique.

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1 Dresde et Coventry de Serge Desbois 01 mars 2008 06h17
2 En 1945, il n'en est plus là de Nicolas Bernard 01 mars 2008 09h10
1 Les légendes de Auteur anonymé 01 mars 2008 17h50
2 Réfutation de Nicolas Bernard 01 mars 2008 21h54


 

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