L'imputation à Churchill du meurtre de Mussolini est un de mes plus vieux combats d'historien.
La revue L'Histoire elle- même, je crois que c'était en 1995, avait donné dans le panneau et annoncé que le livre de De Felice prouverait indubitablement cette accusation. J'ai réagi au quart de tour et, Internet n'étant pas encore ce qu'il est, averti par circulaire une floppée d'historiens et de journalistes que c'était certainement du pipeau. Il faudrait que je me replonge dans le dossier pour retrouver mon raisonnement exact, mais je me souviens qu'un des arguments les plus mis en avant, dans cette circulaire, était l'inconcevabilité du recours, par Churchill, à un bourreau communiste pour une opération discrète, ce qui aurait offert à Staline un moyen de chantage quasi inépuisable.
L'affaire s'est terminée en eau de boudin, mais pas exactement comme le dit Nicolas. Le livre est tout simplement paru sans la moindre allusion à ce qui avait été annoncé. Un bon connaisseur du dossier m'a confié plus tard que De Felice s'était laissé aller (exactement comme un certain nombre de proches de Cordier dans l'affaire Chauvy versus Aubrac) à croire des gens qui annonçaient pour le lendemain l'envoi d'archives imparables... et ne les ont jamais envoyées. Ils n'avaient même pas eu à faire l'effort de confectionner des faux !
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