Comme l'a affirmé le général Cadorna,
"le procès de Mussolini aurait été le procès de la politique italienne depuis vingt ans", et d'ajouter qu'
"il eût été très difficile de séparer la responsabilité d'un peuple de celle de son chef".
Au regard des réalités politiques italiennes de 1945, l'exécution sommaire du
Duce, de même que les circonstances lamentables de son arrestation (déguisé en Allemand !) et de l'exhibition de son cadavre, constituent un puissant symbole d'un genre de "bond en avant". En fusillant le dictateur, l'Italie n'a pas à regarder son passé en face, et peut se féliciter d'avoir fait, d'une certaine manière, justice.
Comme vous le signalez, l'heure était favorable. C'était encore le paroxysme des tensions et des haines, et attendre un procès présentait, aux yeux des communistes - comme de leurs rivaux politiques - des risques évidents. L'édification d'une nouvelle mémoire nationale italienne, fondée sur le combat de la Résistance (au pluriel), coûtait sans doute un tel prix.
La mise en scène exhibitionniste et voyeuriste de la Piazza Loreto a, dès lors, rempli au moins provisoirement les objectifs de ses auteurs.