M. Delpla prétend répondre à
mon message.
Il me pardonnera de laisser de côté ses considérations personnelles, que je lui suggère d'insérer dans sa propre autobiographie, et de me laisser aller à l'essentiel. Au passage, tenter de faire croire que sa thèse repose sur des
"arguments" ne manquera pas de faire sourire,
vu ce qu'il en reste...
Tout d'abord, il reproche à un témoin, le colonel Murphy, d'avoir délibérément cherché à induire le public en erreur, en prétendant que la capsule de cyanure de Himmler était en
"métal souple", et que le
Reichsführer avait donc la possibilité de conserver dans sa bouche l'instrument de sa mise à mort :
"il avait ce faisant converti du verre dur et fin, car destiné à libérer facilement son chargement mortifère, en du métal souple, faute d'oser dire du caoutchouc, et que tu as vainement tenté de nous faire prendre cette lanterne pour une vessie."
Je crains, hélas, que ce dernier reproche ne définisse que trop parfaitement l'attitude de M. Delpla. Car le fait est que M. Delpla, non seulement avait prétendu frauduleusement que la capsule de cyanure de Himmler était en
"verre fragile" (
déformant ainsi un témoignage, qui décrivait la caspule comme étant une "ampoule de verre"), mais
a de surcroît extrait de son contexte deux mots d'un autre témoignage (et a
persisté).
Car le fait est que le colonel Murphy, qui s'exprimait vingt ans après les faits (d'où sa regrettable erreur sur la nature de la capsule, qui était en verre solide et étanche), a décrit l'engin comme
"suffisamment solide pour résister à une mastication soigneuse et aux liquides - surtout si c'était l'autre côté de la bouche qui était utilisé - mais pas suffisamment pour résister à une action visant à la briser." Une description confirmée par l'historien Jacques Delarue :
"les chefs nazis portaient une capsule de cyanure, parfaitement étanche, dissimulée dans la bouche. Il fallait la broyer pour que le poison agisse. Si elle était avalée accidentellement, la capsule résistait aux acides de la digestion et ne produisait aucun effet" (Jacques Delarue,
Histoire de la Gestapo, Fayard, 1963, p. 443).
L'accusation de mensonge portée contre le colonel Murphy me paraît ainsi passablement exagérée, sachant que nous avons affaire à un individu s'exprimant vingt années après les faits.
M. Delpla ajoute que le colonel Murphy aurait prétendu, en 1964 - ou insinuerait, si j'ai bien compris - avoir accompagné Himmler dans la voiture vers Lüneburg, ce pour couper court à toute contestation éventuelle en faisant valoir qu'il n'a pas perdu le prisonnier des yeux. Or,
Murphy n'a jamais rien prétendu de tel, ce qui n'avait pas empêché M. Delpla
de le traiter de "falsificateur" (imputation diffamatoire parmi d'autres). M. Delpla,
qui a déjà fait la preuve de ses talents de traducteur, semble surtout faire preuve d'allergie aux documents, et à la logique la plus élémentaire : si Murphy agissait sur ordre, et s'il tenait tant à écarter les soupçons, il lui suffisait de relater le fait que le convoi transportant Himmler comportait deux voitures, ce qui ruinait encore davantage toute tentative de meurtre issue de l'extérieur.
Bref, M. Delpla devrait sans doute apprendre à manier la logique avec davantage de circonspection.