La description du livre
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Edition du 02 janvier 2008 à 11h07 | | Ligne de Front / Y. Kadari, V. Bernard (et alii)En réponse à -4 -3 -2 Témoignage : de Laurent Laloup le mercredi 02 janvier 2008 à 11h01Bonjour à tous,
Merci à Franck pour ces précisions....et pour son article. :)
Cette "affaire" est importante pour moi, car c'est par le livre de Barberot, subordonné et ami de de Bollardière, que je me suis passionné pour l'histoire de la DFL.
Je met en ligne ci-dessous le témoignage du futur général Geoffrey , qui fut agent de liaison lors la bataille, donc aux premières loges.
L'ordre de repli de Bollardière aurait été précédé d'abord, par un léger décrochage organisé *, puis par une "mini-débandade".
Avant l'attaque, une préparation d'artillerie est en cours ; nous sommes dans la nuit du
23 octobre 1942. Je me déplace quant à moi sur une moto pour assurer des liaisons avec les commandants de compagnie et me tiens à proximité du commandant de Bollardière qui est secondé par deux chefs de bataillon, des Robert et de Maismont (aviateur abattu par les Allemands qui a réussi à rejoindre nos lignes et la 13e DBLE n'ayant plus d'avion disponible)
Dès les premiers kilomètres, nos hommes sautent sur des mines malgré le déminage d'une brèche par nos services du Génie. Hélas, dès notre à droite droite, nos Bren-Carriers sautent; nous déplorons quelques blessés et lorsque nous approchons des pentes de l'Himeimat, nous sommes, et particulièrement le lieutenant Otokar Kremar en tête du bataillon, sous un plan de feu de tirs très nourri. Les balles traçantes, tirées par l'ennemi dévoilent nettement les positions et la densité des tirs; tirs fichant pour la plupart. Nous essayons de continuer notre progression, mais ces tirs nous empêchent de prendre la direction planifiée.
Le commandant de Bollardière. devant la réalité sur le terrain, avec l'expérience déjà d'une série considérable de combats, a dans ce cas précis l'impression qu'il s'agit d'un acte de sacrifice inutile, n'ayant comme conséquence que la disparition de son bataillon. Il aime et estime les hommes sous ses ordres. Son expérience, pense-t-il, lui permet de voir notre colonel pour obtenir une modification des ordres, suite à ce que nous rencontrons sur le terrain.
Il décide donc de se déplacer pour voir personnellement le colonel, tandis que je reçois l'ordre à transmettre aux commandants de compagnie de se mettre à l'abri en utilisant le terrain rencontré à proximité. Je me déplace donc à moto pour contacter les commandants de compagnie. Je trouve d'abord de Lusançay, assis sur sa canne de chasse, insensible sous les tirs très denses et qui m'offre de goûter son cognac. Je lui transmets l'ordre qu'il traduit à sa manière : «tu vois, là derrière, ce mouvement de terrain? Je vais m'y installer, à l'abri». Son déplacement provoque le recul d'autres unités : je peux quand même rattraper partiellement ce mouvement en transmettant l'ordre du commandant. Malheureusement, de Bollardière est sérieusement blessé au bras et évacué, nos liaisons radio ne fonctionnent plus. Le jour se lève et les blindés ennemis font leur apparition : il s'agit, nous l'apprendrons plus tard, du Commando spécial Kiehl. Leurs tirs, bien ajustés, détruisent toute une série de nos véhicules : Bren-Carriers, camions, etc. Malgré cela, nous tenons encore nos positions. Les chars avancent vers nous, venant du sud, nos canons antichars se mettent en place avec difficulté : je vois mon copain, le lieutenant Agenet, ancien enfant de troupe, avec son équipe, pousser son canon antichar par la flèche et ainsi progresser. Finalement, les tirs de nos canons arrêtent momentanément l'avance allemande. Ceux-ci semblent se diriger vers le sud pour essayer un mouvement tournant, voire un encerclement. Le groupement Blindé léger a pu nous rejoindre et faire feu de son maigre armement. En tête Paul Willing dans son blindé léger des Spahis. Notre position subit des tirs sporadiques des deux côtés. Nous avons quelques blessés par éclats de mine. J'ai moi-même droit à un éclat dans le genou qui n'a rien atteint de vital, je l'enlève, cela saigne abondamment, je pose un pansement et je considère la question réglée. Entre-temps, le bataillon Bablon est lancé à l'attaque, Messmer en tête : attaque réussie par une prise de position de courte durée, suivie d'une contre-attaque blindée qui ne permet pas le maintien du bataillon sur le plateau de l'Himeimat ; il se replie sur sa base de départ.
C'est alors qu'un très grand malheur nous frappe : le lieutenant-colonel Amilakvari, debout avec sa grande cape très visible et son képi rouge, est mortellement atteint par un obus d'artillerie. Cette mort a un effet terrible sur l'ensemble des légionnaires. C'est le reflux vers notre base de départ. Les liaisons sont coupées, nos postes de radio ne marchent pas et nous fonctionnons par imitations....
Autre point important, trop peu connu : Si l'ordre de repli de Bollardière est donné à 4h00, à 4h20, "le Lt-col Amiliakvari ordonne au capitaine des Robert " de retourner à son bataillon et de dire au commandant que s'il sent qu'avec des pertes même sérieuses, il a des chances d'avoir gain de cause, qu'il attaque, sinon se replier à 2 km et former le hérisson""
Ceci illustre les difficultés de communications des Français. Mais cela montre aussi que Bollardière ne s'est pas totalement écarté de l'esprit et du plan d'attaque de Amilakvari.
*Celui de la 2e compagnie. Point confirmé dans les ouvrages de A.-P. Comor et de J.-N. Vincent (du SHAT)
Cordialement
Laurent |
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